Le Barbier de Séville : Raser la perfection
Musique

Le Barbier de Séville : Raser la perfection

L’Opéra de Montréal fait mouche avec une reprise du Barbier de Séville qui répand la bonne humeur dans la salle comme sur la scène.

Excellente distribution que celle qu’a réunie l’Opéra de Montréal pour la reprise d’Il Barbiere di Siviglia, chef-d’oeuvre comique de Rossini sur un livret de Cesare Sterbini (d’après Beaumarchais). Le premier acte démarre en force avec une ouverture bien connue, bientôt suivie par le fameux air de Figaro, auquel succède celui de Rosine (Una voce poco fa), mais, malgré des chanteurs en grande forme et un très beau décor mis en valeur par des éclairages superbes (Anne-Catherine Simard Deraspe), la deuxième scène demeure longuette (c’est essentiellement la faute de Rossini). Cependant, on serait bien mal avisé de quitter à l’entracte en pensant avoir vu le meilleur, parce que le deuxième acte est magnifique.

Le décor de Robert Prévost (celui de la production de 1976, remis à neuf par Guy Neveu) y démontre encore toute son efficacité (la scène de l’orage est très réussie). Mais, surtout, le jeu des chanteurs (j’allais écrire "des acteurs") y est magistral. La basse bouffe italienne Donato Di Stefano y est chaplinesque dans le rôle du vieux Bartolo (oui, le vieux Chaplin de Monsieur Verdoux). Le baryton-basse américain Stephen Morscheck est suave en Basilio, appuyant son jeu sur une voix solide. Et le baryton Aaron St. Clair Nicholson est un Figaro absolument naturel.

Mais le vrai héros, c’est le ténor Frédéric Antoun, un Almaviva juste sur toute la ligne et qui devient désopilant lorsqu’il se présente sous les traits d’un maître de musique, jouant à la manière d’un Marc Labrèche imitant Dédé Gagnon! La mezzo-soprano Julie Boulianne n’est pas particulièrement drôle, mais ce n’est pas son rôle non plus. Elle est une Roseline parfaitement crédible. Lui offrir son premier grand rôle à la compagnie était une idée judicieuse. Les rôles secondaires ont fait l’objet d’un choix tout aussi inspiré, et l’OSM, sous la baguette de Jacques Lacombe, participe pleinement à la réussite de l’entreprise. La mise en scène d’Alain Gauthier comporte quelques effets qui évoquent les dessins animés et collent parfaitement au ton voulu par les créateurs de l’oeuvre.

Jusqu’au 16 février
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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