We Are Wolves et Ghislain Poirier : En parallèle
Musique

We Are Wolves et Ghislain Poirier : En parallèle

We Are Wolves et Ghislain Poirier sont sur la route et leurs chemins se croisent à nouveau.

L’un est DJ et l’autre est à la tête d’un trio post-punk aux têtes de mort affichées. Ghislain Poirier et Alexander Ortiz (We Are Wolves) se retrouvent sur la même scène dans une formule programme double. Une deuxième rencontre après un mariage proposé aux artistes par le festival Antenne-A lors de sa dernière édition. Un échange circonstanciel, immortalisé sur disque, les amenant à se remixer l’un l’autre. "Je n’écoute pas nécessairement du We Are Wolves en me levant le matin, mais je connaissais quand même leur musique et la proposition m’a plu, indique Ghislain Poirier. C’est juste dommage que ce qui devait être une exclusivité pendant Antenne-A sorte après l’événement…"

Malgré ce délai, l’expérience semble avoir enchanté les artistes. Deux esthétiques musicales qui se sont rencontrées et qui ont amené We Are Wolves à s’attaquer à Diaspora et Poirier, lui, à Fight and Kiss. "C’est excellent comme travail, a constaté Ortiz. Il a un son à lui, très dub. On était curieux de voir ce qu’il pouvait faire avec un band comme le nôtre, qui ne donne pas vraiment dans le même style… Par contre, je te dirais que ce qui m’a dérangé le plus, lorsque j’ai entendu le remix pour la première fois, c’est ma voix. Quand tu te retrouves en loop avec un son trafiqué, ça frappe!"

Le chef des "loups" en redemande, tellement l’exercice dans le studio l’a captivé. "J’espère qu’on pourra refaire ça bientôt, avoue-t-il. Juste le fait d’avoir une pièce imposée, c’était parfait. En studio, c’était de 10h à 19h, dans la même journée! Pour nous, c’était d’avoir accès à du matériel brut qu’on pouvait utiliser et déconstruire pour We Are Wolves. Je n’ai pas de groupes ou d’artistes en tête pour refaire cette expérience. En fait, si ça se reproduit, j’aimerais bien que ce soit quelqu’un qui nous approche directement, comme la dernière fois."

LE RÊVE AMÉRICAIN

Marquant leur arrivée chez Dare to Care, Total magique, le tout dernier album du groupe, est une suite logique sous le signe de la croissance et qui reste fidèle à l’esthétique électro-clash déjantée du trio. Le groupe n’a rien perdu de sa touche irrévérencieuse, mais s’applique tout de même à faire certains compromis. Malgré les échos positifs des publications Spin et Pitchfork, le chanteur de la formation demeure réaliste par rapport au territoire américain, alors que le groupe est de retour d’une première tournée chez nos voisins. "J’étais inquiet pour la tournée américaine, admet-il. Au Québec et dans le reste du Canada, nous avons une bonne base d’installée. La presse spécialisée s’intéresse à notre travail et c’est beaucoup plus facile de faire les premiers pas pour remplir nos salles. Ce n’est pas le même genre de distribution aux États-Unis. On n’a pas d’équipe là-bas et c’est presque impossible de jouer à la radio. Comment tu veux prendre contact, à distance, pour sonder le terrain, alors qu’il y a déjà un million de bands sur place qui attendent leur tour? C’est malade et ça fait peur parce que tu ne sais pas du tout à quoi t’attendre."

Même scénario pour Ghislain Poirier, qui se retrouve maintenant au sein de l’écurie Ninja Tune. Avec No Ground Under, la maturité a fait son oeuvre et la confiance aussi. Au mois de mars, le DJ participera au SXSW Festival à Austin au Texas, une rencontre incontournable entre l’industrie et les futures têtes d’affiche de la musique, tous genres confondus. "Ça fait trois ans que je reporte ce voyage, explique-t-il. Mais j’ai le sentiment que c’est le bon moment pour moi et que j’ai la bonne équipe. Auparavant, j’avais la possibilité de faire une seule performance de 40 minutes, alors que cette année, j’y vais pour y jouer quatre fois! Disons que dans ces conditions, mon 3000 $ de frais de voyage est plus rentable. Si j’avais accepté d’y aller il y a deux ans, je suis sûr que ce n’aurait été qu’un coup d’épée dans l’eau. Le côté noir de la musique, c’est quand tu prends une mauvaise décision."

Pour Ortiz, l’occasion américaine s’est présentée avec une tournée sur la côte ouest en Californie. C’est à croire que la rencontre précédente avec le DJ montréalais était prémonitoire. We Are Wolves s’est retrouvé au coeur d’une distribution de DJ, qui leur ouvre par la même occasion la scène du clubbing. Un mariage heureux qui semble avoir laissé une première impression percutante. "C’était des soirées événementielles où, par exemple, quatre DJ se partageaient la scène. Nous, on assumait les entractes avec un set. C’était différent, mais nous avons toujours eu une attitude dance floor, ça fait partie de notre personnalité. On détonne, mais le monde embarque dans notre trip. Pour nous, c’était la meilleure façon de se faire remarquer." Têtes de mort en prime, mission accomplie.

Le 22 février à 19h
Au Capitole de Québec

À écouter si vous aimez:
We Are Wolves: Lesbo Vrouven – Primal Scream – Think About Life
Ghislain Poirier: Sixtoo – Buck 65 – TTC