Aline de Lima : La petite princesse du Sertão
Musique

Aline de Lima : La petite princesse du Sertão

Aline de Lima vient de Caxias, aux confins de l’Amazonie et du semi-aride Nord-Est brésilien. On l’attendait depuis l’été, cette fille du soleil nous arrive en plein hiver…

Une vraie bouffée de fraîcheur tropicale, Arrebol, le premier album d’Aline de Lima, a eu l’effet d’une caresse dans le cou. Douceurs, confidences, rythmes chaloupés, humeurs atmosphériques, belle luminosité; le disque réalisé à New York par Vinicius Cantuaria est un travail d’esthète où priment le naturel et la simplicité.

"Le hasard a bien fait les choses, explique-t-elle. Vinicius est complètement fan de Tom Jobim, mais il reste un marginal avec une vraie démarche de précurseur, qui passe de la pop brésilienne standard à un authentique renouveau du genre à travers une recherche sonore. Moi, je dessine des mélodies basées sur le classicisme et je n’avais personne autour de moi qui puisse leur donner ce langage nouveau, plus moderne. Et puis, on vient de la même région."

Visiblement très fière de ses origines amazoniennes et "nordestines", Aline de Lima a l’air d’une fille plutôt rêveuse et toujours au naturel. Comme on la voit sur les photos sans fard de la pochette de son album, comme on l’entend au bout du fil depuis Paris. Paris qu’elle dit beaucoup trop gris alors qu’elle réécoute tous les matins You Must Believe in Spring de Bill Evans, question de se mettre dans le mood romantique propice à ses chansons aux mélodies délicates. "C’est sûr que je suis restée très nostalgique, très attachée à mes souvenirs; en venant vivre en Europe, j’avais peur de perdre cet ancrage… Cela ne s’est pas produit".

Dans le sublime Terra, Aline chante la terre et les sans-terre et récite le poème de Gonçalvez Dias, défenseur des Indiens, chantre de la nature de ce pays perdu. Elle a grandi là, entre la jungle de l’Amazonie et les sécheresses, près de Teregina, la ville la plus chaude de tout le Brésil, là où la canicule sévit tous les jours de l’année. On est loin des clichés cariocas et des bossa nova de filles d’Ipanema. En utilisant des bribes de phrases qui semblent sorties tout droit des bulletins de nouvelles, l’auteure évoque le contexte politique du Brésil d’aujourd’hui et reprend les mots de l’écrivain qu’elle vénère: "Ma terre a des palmiers où chantent des rouges-gorges."

Le spectacle en trio acoustique qu’elle présentera au Club Soda avec, essentiellement, guitares et multiples percussions, est incontournable. "C’est très intimiste, comme une version très dépouillée de mon répertoire. J’aime quand on passe du plus percussif et plus gai à des choses plus intuitives, plus délicates." Un peu de chaleur ne fera pas de tort!

Le 23 février
Au Club Soda
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À écouter si vous aimez /
Caetano Veloso, Gilberto Gil, Bebel Gilberto