Denis Gougeon et Yves Lambert : Terroir contemporain
Une création de Denis Gougeon interprétée par Yves Lambert et son Bébert Orchestra, "augmenté", pour l’occasion, de l’OSM, et dirigé par Kent Nagano. Sacrée histoire.
Kent Nagano racontait l’anecdote lors du lancement de la saison 07-08 de l’OSM, en avril dernier: sa fille avait visité une cabane à sucre et en était revenue ravie, chantant à son père quelques airs folkloriques entendus là. Ravi à son tour, le directeur musical de l’OSM décidait que ce type de musique devrait trouver une place dans la saison de l’orchestre. Pour présider à la rencontre du monde symphonique et de l’univers folklorique, Nagano s’est bien entouré: la composition a été confiée à Denis Gougeon, l’un des compositeurs d’ici parmi les plus polyvalents et appréciés (sa pièce Clere Vénus remportait d’ailleurs le Juno de la composition classique de l’année 2007, et on l’entend souvent au théâtre), et le soliste de l’oeuvre sera nul autre qu’Yves Lambert, le monsieur Lambert qui a largement contribué à renouveler le folklore québécois avec ses (ex-)comparses de La Bottine Souriante.
Le mandat confié au compositeur était assez vague pour lui laisser une grande liberté; Denis Gougeon raconte: "Le chef voulait une musique originale incorporant le folklore, mais c’était à moi de trouver la façon de réussir le mélange, et aussi de donner une bonne place à Yves Lambert, à la fois comme chanteur et comme accordéoniste, et aussi à son groupe, parce qu’il tenait à avoir ses quatre musiciens avec lui. Alors il y a dans la pièce que l’on entendra des mélodies traditionnelles que les gens reconnaîtront (sans que ce soit un pot-pourri), mais on a aussi intégré des musiques qu’Yves interprète, dont un reel de Philippe Bruneau, l’un des grands défenseurs de ce répertoire." Le compositeur nous invite à un voyage dont le point de départ est le "vieux folklore", celui qui nous vient d’ailleurs, et le folklore renouvelé, dont Lambert est le représentant.
Ce dernier a déjà été accompagné par des formations orchestrales, mais cette fois-ci, c’est quand même un grand coup: "C’est le grand orchestre! Ça fait un an qu’on en parle, mais là, ça s’en vient! Ça m’allume, et je me sens terriblement motivé. Et c’est une belle marque de reconnaissance pour la musique traditionnelle québécoise, ce qui me semble assez important dans le contexte actuel de recherche identitaire." Gougeon ajoute: "C’est en effet un hommage aux ancêtres, ceux qui étaient là avant nous et qui ont laissé leur marque, qu’ils soient français, irlandais ou écossais; ils ont construit une identité musicale qui est particulière au Québec. Alors on revient à l’immigration, parce que nous sommes aussi des immigrants, et que notre musique est venue d’ailleurs, avant de s’enrichir ici". Une telle intégration de la musique symphonique contemporaine et de la musique traditionnelle, avec ses interprètes, est un événement rare qui pourrait nous réserver de belles surprises!
Aussi au programme: la Cinquième de Beethoven, la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorák et Les pierres crieront (1998) de Gilles Tremblay, avec le violoncelliste Matt Haimovitz.
Les 26 et 27 février
À la salle Wilfrid-Pelletier
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