Luce Dufault
Au moment de réaliser l’interrogatoire, Luce Dufault venait d’annuler deux concerts ontariens, dont un dans sa ville natale, Orléans. En raison d’une infection à la gorge, au pharynx et aux sinus. La voici finalement de retour au bercail, dans un concert où elle interprétera les pièces de son dernier album, Demi-jour.
Voir: Quelles sont vos obsessions du moment?
Luce Dufault: "Dans la mesure du possible, j’essaie de ne pas être obsédée! Jongler avec ma vie professionnelle et familiale. J’essaie d’être partout et de ne pas décevoir, d’un côté comme de l’autre. J’aime mieux déplaire que décevoir."
Qu’est-ce qui vous distingue des autres?
"Dans mon métier? Je dirais peut-être mon timbre de voix. Je ne dis pas que ma voix est meilleure que celle des autres chanteuses, mais disons qu’on la reconnaît facilement. C’est un cadeau de la nature."
Qu’est-ce qui vous fait succomber?
"À part les enfants? Quelqu’un de passionné."
Que dirait votre épitaphe?
"J’essaie de ne pas penser à ça… "Ouverte aux heures supplémentaires!""
Qu’est-ce qui vous fait encore peur?
"Perdre quelqu’un de proche. Un de mes enfants. Ce serait la catastrophe. La pire chose qui pourrait m’arriver. Même les gens qui n’ont pas d’enfant peuvent comprendre cette crainte, imagine une mère."
Qu’est-ce qui vous met en colère?
"L’injustice. Surtout envers les gens qui n’ont pas les moyens intellectuels ou financiers pour se défendre."
Nommez trois artistes que vous aimez.
"Trois? C’est pas beaucoup. Richard Séguin. Je l’aime en tant qu’artiste et en tant que personne. J’aime Peter Gabriel, à mort. Et j’adore Diane Dufresne pour sa voix, mais surtout pour son audace sans limite. Elle se permet toutes les folies qu’elle a en tête, ce que je ne me permets pas. Je peux en nommer une quatrième? Joni Mitchell."
Pouvez-vous nommer trois artistes que vous n’aimez pas?
"Non… Par respect. Ce qu’on dit peut avoir une portée. Je suis qui, moi, pour critiquer? Tout est une question de goût."
Où étiez-vous il y a 10 ans?
"Je terminais la tournée pour mon premier album. J’étais aussi enceinte d’un bébé que je n’ai jamais vu. Les médecins ont provoqué l’accouchement à cinq mois de grossesse. Le bébé n’avait pas de système nerveux. Il n’aurait pas survécu."
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire?
"J’aime les surprises, même lorsqu’elles sont toutes petites. Un coussin me ferait plaisir! Ou peut-être un vaccin pour ne plus être allergique aux chatons."
Même pour un million, qu’est-ce que vous ne feriez pas?
"Je ne poserais jamais nue. Même pas pour 10 millions. Je ne chanterais jamais un truc que je n’aime pas sous prétexte que ça pourrait être payant. Autrement, j’aurais pu le faire depuis longtemps."
Jugez-vous votre sort enviable?
"Oui. Que ce soit travailler en garderie ou être chanteuse, si on a la chance de faire le métier qu’on aime, notre sort est enviable."
Pourquoi vivez-vous là où vous vivez?
"Je reste dans un tout petit village: Saint-Denis-sur-Richelieu. J’y vis parce que j’adore la ville, mais je n’aime pas qu’on me l’impose. J’aime y entrer, mais j’aime aussi en sortir. J’ai d’ailleurs habité Paris pendant deux ans, mais j’ai besoin de rester dans un endroit où il y a moins de monde. Une place où tu peux saluer les gens dans la rue et vraiment les reconnaître. C’est aussi plus reposant pour mon petit coeur de mère."
Qu’aimeriez-vous oser faire?
"Ça revient à ce que je disais à propos de Diane Dufresne. J’aimerais justement oser, aller jusqu’au bout d’une folie qui m’habite. Je crois que ma crainte de décevoir m’empêche justement de foncer."
Que pensez-vous des journalistes?
"J’ai un bon rapport avec eux. Les premières fois où j’ai eu à répondre à leurs questions, j’étais choriste pour Dan Bigras. C’est lui qui m’a présentée aux journalistes. Personne ne pouvait blaster la petite choriste pétrifiée de gêne. C’est certain que les mauvaises critiques viennent me chercher, mais je les prends avec un grain de sel. Ça me fait de la peine quand quelqu’un que j’aime les lit, mes parents ou mes enfants. Sinon, il y a des journalistes que je respecte et d’autres que je respecte moins. Des critiques intéressants et d’autres qui le sont moins. Parfois, il y en a qui écrivent des crasseries sur moi, mais c’est tellement bien écrit. Ça me laisse perplexe. Quand Sylvain Cormier écrit quelque chose de négatif sur moi, je vois quand même ça comme de la poésie."
Le 22 février à 20h
Au MIFO d’Orléans