From Jamaica to Toronto : De Montego Bay à Rouyn-Noranda
Musique

From Jamaica to Toronto : De Montego Bay à Rouyn-Noranda

From Jamaica to Toronto, collectif d’artistes ayant émigré à la fin des années 60 et dont les enregistrements composent l’anthologie du même nom, connaît un deuxième souffle sur la route. Jay Douglas raconte ses souvenirs de tournée du Québec d’une autre époque.

Comme cela se faisait couramment dans les années 50, la mère de Jay Douglas émigra de la Jamaïque vers le Canada, dans la Ville-Reine, pour y effectuer des travaux ménagers. Quelques années plus tard, elle y fit venir son fils musicien, qui écumait déjà les clubs de nuit de Kingston. Laissons le loquace chanteur nous raconter ses débuts: "Comme beaucoup d’enfants jamaïcains, j’ai commencé à chanter à l’église, le dimanche, puis à l’âge de sept ans, j’ai fait mes débuts au concours amateur Pick a Star, à Montego Bay; je suis arrivé deuxième, en duo avec un copain, avec notre version de The Lord’s Prayer! C’était l’époque des Blues Busters, d’Alton & Eddie, des Drifters, des Platters, de Jackie Wilson… et surtout de Rosco Gordon! Tu sais, il a eu une influence déterminante sur le ska, avec son succès No More Doggin!" L’influence de son shuffle se décèle facilement sur Easy Snappin de Theo Beckford, le premier grand titre R&B jamaïcain. Puis, encouragé par ce succès d’estime, Douglas déménage à Kingston et infiltre le circuit des boîtes de nuit de la capitale à l’âge presque adulte. Plusieurs des musiciens qu’il y rencontre feront ultérieurement partie de la West Indian Federation, fondée par des expatriés jamaïcains travaillant surtout pour le Canadien National, à Toronto. "C’est là que The Cougars sont nés et on ne pouvait jamais souffler: nous devions jouer chaque week-end, pour les cocktails, soupers et autres événements de la communauté, et cela, plusieurs fois par jour, tous les samedis et dimanches!"

Il est intéressant de constater qu’à la fin des années 60, alors que la Jamaïque n’en avait que pour le rocksteady, The Cougars devaient aussi composer avec les styles soul, R&B et funk populaires à l’époque en Amérique du Nord, puisque la musique jamaïcaine n’avait pas encore de reconnaissance à l’échelle mondiale. Mais par un beau dimanche, le groupe décida de tenter sa chance au Québec, empila tous ses instruments dans le vieux Pontiac de son gérant, attacha ses amplis sur le toit et se rendit à… Rouyn-Noranda! "Les gens nous appréciaient vraiment", se rappelle Jay Douglas. Puis cette tournée improvisée prit de l’ampleur: Malartic, Amos, La Sarre, Val-d’Or, de retour à Rouyn… Jusqu’à ce que Jay reçoive un appel de Montréal: serait-il partant pour faire la première partie de Fats Domino à l’Esquire Show Bar de la rue Stanley? "On n’a jamais fait Val-d’Or-Montréal aussi vite!" rigole-t-il. Puis, la formation s’installa à Montréal pour les deux années suivantes. "L’Esquire Show Bar est devenu notre école: chaque soir de la semaine, on pouvait y voir James Brown, Duke Ellington, Cissy Houston, Miles Davis… et on jouait aussi au Rockhead’s Paradise, au Café Beaulieu à Pointe-Saint-Charles, on a fait la première partie de Joe Tex à l’aréna Paul-Sauvé et à Valleyfield!" Le chanteur s’informe: "Quand on écumait la province de Québec, un chanteur était passé partout avant nous: son nom était Pierre Perpall. Il travaille toujours?"

Jay profite finalement de l’entrevue pour envoyer un message bien senti aux lecteurs: "J’aimerais que tu remercies le Québec au complet de nous avoir traités avec autant d’amour et de respect", me demande-t-il. Message retransmis, monsieur Douglas!

Le 1er mars
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