Alfa Rococo : Les gens du voyage
Formé de Québécois, Alfa Rococo a toutefois pris forme en Europe. Portrait d’un groupe pop futé, en contrôle de sa destinée.
Demi-finaliste aux Francouvertes en 2006 et gagnant la même année du concours Le plus beau rythme du Québec, Alfa Rococo n’a pas mis de temps à propulser sa pop soignée aux quatre coins de la province. Paru en licence sous étiquette Tacca, son premier album autoproduit, Lever l’encre, tourne allègrement sur les ondes des radios commerciales, tombées sous le charme du refrain accessible des Jours de pluie. Fort d’une série de concerts donnés en province au cours de l’automne dernier, le duo formé de Justine Laberge et David Bussières a écoulé 10 000 exemplaires du compact en huit mois.
Et dire qu’il y a deux ans, le couple montait sur scène pour la première fois, après deux minces répétitions avec musiciens. David et Justine participaient alors aux Francouvertes, quatre jours seulement après leur retour d’un long séjour en Europe, où le guitariste jouait chaque soir avec le Cirque du Soleil. "C’est pendant ce voyage que la majorité des pièces du compact est née, explique-t-il. Nous enregistrions les maquettes sur mon portable dans notre chambre d’hôtel. C’était pour moi un équilibre nécessaire. Je pouvais laisser libre cours à mon imagination le jour, alors que le soir, j’étais très encadré avec le Cirque."
Ainsi, Barcelone, Séville, Amsterdam et Zurich ont vu naître Alfa Rococo au cours de 2005. Un climat qui teinte le répertoire de la formation, autant influencée par la chaude bonne humeur d’une météo favorable que par la grisaille liée au mal du pays.
Justine se rappelle parfaitement le brusque retour: "Nous étions toujours là-bas lorsque je nous ai inscrits aux Francouvertes. Nous avons envoyé nos compositions aux musiciens, qui les ont pratiquées de leur côté. Nous nous sommes tous retrouvés pour monter sur scène quelques jours plus tard. Disons que je n’ai pas eu vraiment le temps de m’adapter."
Si la chanteuse ne souhaite jamais revoir cette première prestation – "j’étais tellement nerveuse!" dit-elle -, elle et David (frère de l’actrice Pascale Bussières) semblent avoir acquis une maturité certaine. "Nous sommes deux têtes dures", confie celui qui se charge de l’enrobage sonore des pièces, tandis que sa tendre moitié assure la composition des mélodies contagieuses. "Nous savions qu’en studio, nous avions besoin d’un réalisateur, d’une oreille extérieure, pour prendre un peu de recul. Mais dans la vie de tous les jours, nous tenons les rênes de notre carrière bien en main. Avec le temps, j’ai appris que l’industrie du disque ne te fait pas de cadeaux. Nous produisons nous-mêmes nos concerts afin de contrôler les coûts et d’éviter qu’un type se ramène un jour avec un tas de factures que nous devrons payer par la suite."
Non, Alfa Rococo n’a rien en commun avec ces fréquents artistes pop poussés à coups de milliers de dollars.
Le 6 mars à 20h
À l’Anglicane
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À écouter si vous aimez /
Jean Leloup, Stefie Shock, DobaCaracol