Le Consort contemporain de Québec : De consort avec Zappa
Musique

Le Consort contemporain de Québec : De consort avec Zappa

Nicolas Jobin et le Consort contemporain de Québec plongent dans l’univers de Frank Zappa. Un saut périlleux de haute voltige.

Entre deux répétitions générales, s’affairant aux derniers détails de cet unique concert dédié à Frank Zappa, le chef d’orchestre du Consort contemporain de Québec se montre enthousiaste devant ce nouveau défi. Il faut dire que le compositeur américain (rockeur, polémiste, artiste d’avant-garde et disciple d’Edgar Varèse) a de quoi inspirer et que l’entreprise est de taille. Extrêmement polyvalent, Zappa en impose et son répertoire est un véritable casse-tête qui domine tous les styles.

Pour Nicolas Jobin, directeur artistique de l’ensemble et compositeur, une mission s’imposait: correspondre à l’esprit du personnage fantasque et fusionner le tout à la personnalité de l’ensemble contemporain. "La dimension théâtrale est omniprésente, explique-t-il. Nous avons toujours habitué notre public à une forme d’interaction et, depuis le temps, nous savons quels musiciens de l’ensemble sont plus à l’aise dans le jeu scénique. Ceux qui le sont moins, nous faisons exprès pour les mettre dans des situations inconfortables. Je pense qu’ils auront autant de plaisir à se compromettre dans ce genre de scénario que le public en aura à être témoin d’une situation inusitée. L’auditoire est aussi très important dans un tel concept. C’est un acteur fondamental qui possède un rôle clé."

Construit sur le modèle des tournées intitulées You Can’t Do That on Stage Anymore, le concept a amené le directeur artistique à se frotter à l’administration Zappa. N’interprète pas qui veut les oeuvres et les partitions du grand Wazoo. "Pour certaines oeuvres, nous sommes entrés en contact avec les instances qui administrent les droits pour les partitions, se rappelle-t-il. C’est extrêmement onéreux et très compliqué. Il faut que les personnes responsables rencontrent l’orchestre et constatent son travail sur scène en plus de superviser le programme pour faire un contrôle de qualité. Devant une telle structure, il ne nous restait plus qu’à faire nos propres arrangements des oeuvres choisies et à intégrer des pièces moins connues qui n’ont été interprétées qu’en lecture à vue à l’époque." Une raison pour laquelle les pièces dites classiques, contenues dans le programme du concert Yellow Shark par exemple, ont été mises de côté.

Point d’amplification ni de guitare électrique pour ce concert iconoclaste cependant agrémenté d’une batterie – le seul élément qui pourra souligner le côté rock’n’roll de Zappa. "Nous pourrions dire que notre percussionniste n’a pas eu beaucoup de difficulté à faire ressortir son côté rock. Les musiciens sont amenés à endosser cette attitude. Il y a beaucoup d’effets sonores dans nos arrangements qui imitent la distorsion, par exemple."

L’agenda du CCQ est bien rempli avec la comédie musicale Les Misérables qui sera présentée au Capitole en juin. Un moment phare pour l’orchestre. "Nous avons pu augmenter notre effectif de trois nouveaux musiciens, nous devenons en quelque sorte un véritable orchestre de chambre qui respecte les conventions, précise Nicolas Jobin à la blague. Les Misérables, c’est une très belle expérience, c’est sûr! Avec Frédéric Dubois à la mise en scène, la table est mise pour une relecture inspirante."

Le 7 mars à 22h
Au Café-spectacles du Palais Montcalm
Voir calendrier Classique

À écouter si vous aimez /
Frank Zappa, Edgar Varèse, Pierre Boulez