Chromeo : Donne-moi ma chance
Porté par une rumeur très favorable, Chromeo déferle à nouveau sur Montréal. Attention: gros buzz en vue.
Première partie des Beastie Boys et de Justice, nombreuses nominations de l’album Fancy Footwork (paru en mai dernier), notamment aux Junos et aux Plug Music Awards – sorte de Grammys de la musique indé -, invitations à des émissions américaines populaires, dont le Jimmy Kimel Live, remixes pour Vampire Weekend, Snoop Dogg, les Beastie Boys, Feist, spectacles confirmés dans tous les grands festivals américains et européens, réédition de son premier effort, passage prévu à Tout le monde en parle… Ajouter que Chromeo est en pleine ascension serait commettre un euphémisme.
Une question surgit: Pourquoi le buzz éclate-t-il en ce moment et pas avant? Le premier effort du duo montréalais (She’s in Control, 2004), bien que moins pop-léché et immédiat que Fancy… contenait aussi sa part de hits dansants avec Needy Girl et Mercury Tears, entre autres. Joint à New York où il complète un doctorat en littérature, Dave-1, moitié chantante du duo montréalais, a sa petite idée sur le pourquoi du comment. "Nos deux albums sont sortis pendant que de grosses vagues musicales déferlaient. Le premier fut lancé sous le règne disco-punk des Rapture, Bloc Party, LCD Soundsystem, des groupes auxquels nous étions liés (on a tourné avec Bloc Party, James Murphy a fait un remix d’une de nos chansons), analyse-t-il dans un français impeccable. Aujourd’hui, c’est l’électro des poulains d’Ed Banger et de Justice en particulier qui est prisée. On est plus ou moins associés à eux puisque qu’on collabore avec ces gens-là. Chaque fois, notre esthétique sexy-chocolat de loverboys se retrouve aux antipodes de ce qui a la cote."
Mais cette fois, au lieu de se prendre la vague en pleine tronche, Chromeo a appris à surfer dessus et bénéficie de l’engouement actuel plutôt que d’en pâtir. Dave-1 et P-Thug ont très bien saisi le défi qui les attendait: composer des mélodies tellement immédiates que l’auditeur conquis n’a même pas le temps de se poser la question de la sincérité. Des critiques pour qui la musique du combo judéo-arabe avait d’abord paru peu crédible leur donnent une seconde chance. "Je pense qu’à cause de notre côté rétro-kitsch et de nos références très pop années 80 (George Michael, Robert Palmer, Hall and Oates), on n’a peut-être pas été pris au sérieux au début. Je ne m’en fais pas trop avec ça, car mon groupe préféré c’est Les B.B. Pour moi, Patrick Bourgeois incarne le Prince du Québec. Chromeo doit autant aux B.B. qu’à Daft Punk."
Faire sa marque progressivement pour mieux s’installer dans le paysage sera toujours préférable à devenir la hype du moment pour ensuite crever comme une bulle dans l’indifférence générale. Un band comme Chromeo se soucie de s’inscrire dans la durée puisqu’une part de son public se compose de hipsters. Est-il plus satisfaisant de plaire à ces derniers qu’aux nostalgiques des années 80? "Le fan nostalgique va piger tous nos clins d’oeil, mais on souhaite aussi qu’il apprécie la recontextualisation proposée, car nous créons quelque chose de neuf à partir de la synthèse de ces influences. Ce qui est bien avec les hipsters, c’est que sans nécessairement connaître toutes les références, ils apprécient notre musique pour ce qu’elle est. Par contre, ce n’est pas le public le plus loyal qui soit puisqu’il demeure à l’affût des tendances. Comme on a toujours été en marge de ce qui domine, on est peut-être à l’abri de ça. Puis on développe notre créneau… Y a pas grand groupes qui font de la musique de superlovers comme nous!"
Le 20 mars
Au National
À écouter si vous aimez /
Daft Punk, LCD Soundsystem, Back To The Future