Grand Corps Malade : Slam de banlieue
Enfant prodige du slam, Grand Corps Malade refait surface avec un deuxième opus très attendu.
Après avoir récolté deux Victoires de la Musique et écoulé plus de 700 000 copies de Midi 20, son album précédent paru en 2006, Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, revient nous chatouiller les tympans avec Enfant de la ville. Marqué par le flow sec de l’homme, l’opus s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur. "Il est évident que j’avais encore des choses à dire et je n’ai pas changé ma manière de faire les choses", lance d’emblée Marsaud de sa voix grave et posée. "Ce disque, c’est la suite de mon histoire avec de nouveaux thèmes et un produit mieux fait d’un point de vue musical. J’ai eu plus de moyens et j’ai invité encore plus de musiciens en studio, mais je désirais, encore une fois, que les musiques demeurent au service du texte, et non pas le contraire", poursuit-il.
Si Midi 20 se voulait une oeuvre essentiellement personnelle côté textes, Enfant de la ville est plus ouvert sur le monde. Ça s’entend dès les premières minutes avec Je viens de là, un hymne à son quartier. "Même si je vis en banlieue et qu’il y a parfois des problèmes, je me considère comme un être privilégié. Mon univers n’est pas si dramatique que ça bien que ceux qui l’habitent me font parfois peur. Je suis un éternel positif face à la banlieue. On y retrouve une énergie incroyable et une identité qui m’inspirent énormément. J’ai toujours pris sa défense, car elle n’a jamais cessé de me nourrir au fil des ans", confie le slammeur parisien.
Entouré, une fois de plus, de S Petit Nico à l’habillage musical et du slammeur John Pucc’ Chocolat, Marsaud propose une trame sonore étoffée et étonnamment variée, flirtant au passage avec le jazz et le reggae. Il invite même les rappeurs Kery James et Oxmo Puccino à se livrer un duel de mots sur l’émouvante À la recherche. "On avait trois façons d’écrire, trois manières de poser les mots. C’était une expérience fabuleuse… Tu sais, les thèmes sont toujours les mêmes pour tous les auteurs. L’originalité de tout artiste réside dans l’angle d’attaque du thème choisi et non pas dans le thème lui-même. Moi, j’ai choisi de parler de petits détails du quotidien, des petites choses de la vie que tout le monde connait. Il n’y a pas de message absolu dans mes chansons ni de souvenirs anecdotiques, mais une simple envie de rejoindre les gens."
S’il admet ouvertement que l’attrait de la nouveauté du slam s’est quelque peu dissipé, le jeune trentenaire est néanmoins satisfait du chemin parcouru au cours des dernières années et ne renie surtout pas ses origines. "À la base, je me considère comme un slammeur et je l’assume pleinement, en toute légitimité. Je viens des petits cafés, j’ai slammé un peu partout. J’ai l’impression que ceux qui me connaissent auront envie de me suivre et je ne ressens pas de pression à l’aube de la sortie du disque. Ce n’est pas un excès de confiance. J’ignore s’il cartonnera autant que le précédent, mais j’ai hâte qu’on m’en parle. Le plus beau compliment qu’on puisse me faire, c’est lorsqu’on me dit qu’on a l’impression de lire un roman ou de voir un film à l’écoute de ma musique. Pour moi, il n’y a rien de plus gratifiant."
Grand Corps Malade
Enfant de la ville
(Universal)
en magasin le 1er avril
À écouter si vous aimez /
Souleymane Diamanka, Oxmo Puccino, Ivy