José González : Sensible cartésien
José González propose sur scène les pièces de son deuxième album, In Our Nature. Folk hypnotique pour renard solitaire.
Artisan d’une folk dénudée à la fragilité poignante, le Suédois José González a vu le jour en 1978 à Göteborg, ville qui, ironiquement, a aussi donné naissance à Jens Lekman, autre chanteur populaire au répertoire intimiste et touchant. En entrevue téléphonique, González (à ne pas confondre avec le multi-instrumentiste et producteur canadien du même nom) confie que Jens et lui allaient à la même garderie. "Je ne m’en souviens pas vraiment, c’est ma mère qui me l’a dit", rigole l’artiste né de parents argentins. "Jens et moi restons encore à Göteborg, mais on ne se voit pas souvent, on est toujours en tournée aux quatre coins du globe."
Ses multiples périples à l’étranger, José les doit au succès de son premier album, Veneer. Confectionné dans une chambre alors que le musicien n’avait que 23 ans, le compact connaissait un modeste succès en 2005 lorsqu’une publicité de Sony l’a catapulté sur la scène internationale. En utilisant le titre Heartbeats dans une surprenante réclame où des milliers de balles rebondissantes sont lâchées dans San Francisco, le fabricant nippon a fait bondir la carrière du musicien. Qu’importe si Heartbeats est une reprise du groupe The Knife, le chanteur l’a tellement transformée, l’imprégnant de sa touche folk hypnotique comme il l’a fait avec des pièces de Joy Division, Bruce Springsteen et Kylie Minogue, qu’elle donne un juste avant-goût de Veneer et de l’album In Our Nature lancé à l’automne 2007.
Succès oblige, ce dernier disque était fort attendu, et José en était conscient. "Savoir que des milliers de personnes allaient écouter mon album m’a amené à couper les textes trop personnels. Je ne voulais pas qu’on entre dans mon intimité. Je n’utilise pas ma musique comme une thérapie." Autre contrainte, l’auteur-compositeur s’interdit les chansons d’amour. "C’est une mission que je me suis donnée. Dans ma quête d’autres sujets, je me suis mis à écrire sur la nature de l’homme et la religion." En découlent des chansons aux propos incisifs: Abram dénonce le passéisme des religions abrahamiques, et How Low condamne avec urgence l’égoïsme de l’homme comme l’aurait fait Back Against the Wall, groupe hardcore avec lequel évoluait le guitariste/bassiste dans les années 90.
Étudiant en biochimie, José González fait preuve d’une sensibilité musicale inusitée pour un homme cartésien. D’un timbre de voix timide – c’en est charmant -, il explique le parallèle entre science et musique: "L’intérêt pour la recherche. À l’université, j’utilisais ma créativité pour développer de nouvelles avenues d’étude sur les êtres vivants et les molécules. C’est la même chose avec la composition: je passe beaucoup de temps à enregistrer des pièces et à écouter différents styles de musique. Cette forme de recherche m’a permis d’écrire In Our Nature."
Et que trouve-t-on dans notre nature? "Un animal. En 2008, l’intelligence et l’éducation permettent à l’homme de dominer l’animal qui sommeille en lui. Je ne dis pas qu’il faut davantage ou moins le contrôler. C’est une observation plus qu’une prise de position. Toutefois, lorsqu’on écoute de la musique, qu’on baise ou qu’on fait de la méditation, je crois que l’animal en nous prend le dessus."
In Our Nature: un disque pour le renard solitaire qui vous habite.
Le 14 mars
Au Musée Juste pour rire
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À écouter si vous aimez /
Jens Lekman, Nick Drake, Elliott Smith