Orchestre d’hommes-orchestre : Les années sauvages
L’Orchestre d’hommes-orchestre s’est approprié le répertoire de Tom Waits il y a cinq ans déjà. Ses membres tournent depuis un spectacle déjanté, à la fois en parfaits héritiers de Tom Waits et en artistes multidisciplinaires à part entière.
Dans la vie, les membres de l’Orchestre d’hommes-orchestre sont amis. Sur scène, ils sont des indigènes directement débarqués de l’univers de kermesse alcoolisée de Tom Waits: des personnages parfois antipathiques, parfois attendrissants, qui se nuisent les uns les autres, allant jusqu’à utiliser sur le vif les instruments de musique des autres musiciens.
Détournements, imprévus, surprises, accidents, malversations, conspirations, autant de manoeuvres scéniques qui font de l’Orchestre d’hommes-orchestre une formation de hors-la-loi débridés qu’il faut connaître. Depuis cinq ans, ils peuplent les nuits de Québec avec la régularité toute relative d’un parc d’attractions qui s’installerait en ville suivant les conditions météo. À chaque spectacle, de nouveaux tableaux scéniques, de nouveaux numéros de performeurs et, toujours, Coney Island en toile de fond.
Mais lorsque l’Orchestre d’hommes-orchestre joue à Tom Waits, que reste-t-il de Tom Waits? " Les chansons", reconnaît Bruno Bouchard, à l’origine du projet alors qu’il trimballait seul, dès le début des années 2000, son ensemble d’homme-orchestre dans les rues de la capitale. "Les textes de Tom Waits n’ont jamais été modifiés, ni même l’oeuvre. Ce qui nous intéresse, c’est vraiment l’expression "jouer à" Tom Waits. De cette façon, on imite des sons, des instruments du répertoire de Tom Waits, mais qui eux-mêmes dès le départ, il faut le dire, imitaient d’autres instruments."
Très vite, donc, on comprend que le spectacle atteint un deuxième degré qui plaît autant aux fans de Tom Waits qu’aux fans de performances scéniques aventureuses. Et de l’aventure, il y en a: avec un mélange d’objets, d’instruments inventés et de vrais instruments, le spectacle est à la recherche constante de timbres, de sonorités, mais aussi d’émotions et de sincérité. "De la musique qui se voit, en somme", aime à dire Simon Drouin, autre musicien iconoclaste de la formation, qui compte également Jasmin Cloutier et Simon Elmaleh.
"Si on doit beaucoup de choses au répertoire de Tom Waits, c’est aussi un beau prétexte pour travailler ensemble et continuer d’inventer. Il y a deux ans, on s’était dit qu’on allait passer à autre chose et donc on a mis fin au projet. Pourtant, on a continué de rassembler plein d’idées de manoeuvres scéniques, ce qui nous a encouragés à refaire ce spectacle, imbibé de notre recherche créative la plus récente."
Ultimement, cela mène l’Orchestre d’hommes-orchestre à concevoir son propre univers créatif, qui s’installera cet été à l’Espace du 400e au moment des festivités estivales du quatrième centenaire de Québec. En effet, ils présenteront une série de trois spectacles, tous construits autour d’un vieux camion de lait reconverti en instrument de musique ambulant.
Entre-temps, les retrouvailles annoncées avec Tom Waits seront l’occasion pour les musiciens de régler quelques rivalités scéniques entre eux, ayant mûri dans le mauvais alcool depuis la dernière série de spectacles… Jamais Tom Waits n’aura eu un si bel hommage.
Les 14 et 15 mars
Au Cercle
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Tom Waits