AaRON : Requiem pour la pop
Musique

AaRON : Requiem pour la pop

AaRON est de passage pour la première fois en sol québécois. Une visite attendue pour le duo qui en intrigue plus d’un.

C’est en sortant d’une exposition dédiée au peintre Jean-Michel Basquiat que Simon Buret et Olivier Coursier ont tranché. Déjà, l’idée de personnages artificiels hantait leurs esprits et correspondait en tous points à leur esthétique musicale intemporelle et évocatrice. À partir de l’acronyme AaRON, déjà déterminé, la phrase Artificials Animals Riding on Neverland s’est imposée. "Nous avons composé cette image pour faire en sorte que les gens oublient qu’il y a deux personnes en arrière de ce projet, se rappelle Olivier Coursier, compositeur et multi-instrumentiste au sein du groupe. C’est une sorte de vecteur qui contribue au rêve et élimine le concret. Comme lorsqu’on est petit et qu’on se fait sa propre bulle avec son imaginaire. C’est une faculté qui se perd trop vite en vieillissant. La musique, elle, contribue à sublimer tout ça, à s’éloigner du quotidien pour être ailleurs."

Sorti de l’anonymat avec la pièce U-Turn (Lili), popularisée grâce au film Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret, le duo français s’est vite fait remarquer avec sa pop ténébreuse aux accents trip-hop. Son premier disque s’est distingué sur la scène européenne, un fait exceptionnel pour une production réalisée presque exclusivement en anglais. "Le père de Simon est américain, précise Coursier. Pour lui, c’était tout naturel d’exprimer ses influences anglo-saxonnes. C’est réciproque pour moi aussi. Il y a une part de nous-mêmes qui revendique un héritage français, bien sûr, mais qui se mélange avec d’autres passions, en l’occurrence la musique américaine et anglaise. C’est important de décomplexer tout ça. Certains des textes de Simon sont des adaptations de lettres ouvertes qui, à l’origine, étaient écrites en anglais. Il n’y avait rien de déterminé au départ, c’est venu naturellement lorsque nous avons composé cet album."

Malgré l’agenda chargé de Simon Buret, qui est aussi comédien, ils ont pu échafauder un répertoire principalement construit à partir du piano. Un échange que le musicien décrit comme un exercice spontané et instinctif qui a conféré au disque une atmosphère éthérée et linéaire. Principalement inspirée des textes autobiographiques du chanteur, la trame narrative est celle d’un jeune homme entre 20 et 25 ans qui fait face aux obstacles que lui réserve la vie. "Il y a tout de même une forme d’espoir dans la noirceur, constate-t-il. Je ne pourrais pas me limiter à qualifier ce que nous faisons de musique noire. Il y a des événements qui nous marquent pour la vie et je crois que c’est très positif de l’exprimer ainsi, dans un projet artistique. Le fait d’avoir enregistré l’album la nuit a peut-être contribué à cet état d’esprit."

Sur la scène, les comparses se sont appliqués à élaborer une dimension dépouillée de tout artifice. Leur lecture acoustique revisite l’ensemble de leur répertoire. "Après la sortie de l’album, nous avons pris notre temps pour cultiver un sentiment de liberté scénique. Nous ne voulions pas reproduire l’album à la perfection. Intégrer des arrangements pour cordes nous a permis de mettre la programmation de côté et d’asseoir un son naturel. Le violoncelle est un instrument très noble et il contribue, avec le piano, à bâtir une ambiance idéale pour la scène."

Le 21 mars à 20h
Au Théâtre Petit Champlain
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À écouter si vous aimez /
Interpol, Radiohead, Portishead