Chapelle historique du Bon-Pasteur : Maître de chapelle
Guy Soucie orchestre la programmation des activités de la Chapelle historique du Bon-Pasteur depuis près de 20 ans. Un 20e anniversaire que l’administration municipale a bien failli compromettre…
En conférence de presse le 6 septembre 1988, Kathleen Verdon, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal (dont le maire était à l’époque Jean Doré), expliquait que la rénovation de la Chapelle historique du Bon-Pasteur (au coût de 1,8 million de dollars) visait à offrir "un investissement culturel de qualité" aux Montréalais, et un "public aux jeunes interprètes" (selon Mariane Favreau, dans La Presse du 7 septembre 1988). Ce lieu exceptionnel pour l’audition des musiques de chambre de tout acabit, relié au réseau des maisons de la culture et nommé Maison de la musique, c’est à Guy Soucie qu’on en confiait la direction.
Le choix de doter la salle de 150 places d’un piano de marque Fazioli (au coût de 63 200 $) avait créé un petit scandale qui allait assurer la "célébrité" du lieu dès son ouverture! Guy Soucie se souvient: "Ça a fait énormément de bruit, et je crois que tout Montréal était au courant de cet achat! Dès le premier concert, on venait beaucoup pour voir "l’objet"! À l’entracte, c’est quasiment toute la salle qui se déversait sur scène pour l’admirer. Ça fait 20 ans, et le piano a toujours ce pouvoir d’attraction!" Plusieurs de ceux qui venaient pour voir ce piano très médiatisé venaient aussi à leur premier concert (gratuit!), mais ce ne serait pas le dernier: "Les gens revenaient avec des amis, et le public s’est bâti comme ça, avec des salles pleines! Très souvent, il y a plus de gens que la salle peut en recevoir, et nous devons ouvrir les portes derrière la scène."
Et cette Maison de la musique a vite accueilli des conférences, des entretiens, des classes de maître, des mini-festivals et, poursuit Guy Soucie, "du jazz, de la musique contemporaine, beaucoup de créations d’oeuvres de jeunes compositeurs qui, si elles n’étaient pas jouées là, ne seraient jamais entendues"! On imagine aussi fort aisément tous les contacts que Guy Soucie a pu établir avec le milieu musical montréalais, et international, depuis 20 ans, et le cadeau que représente une telle expérience pour le contribuable… La programmation actuelle se terminera à la mi-mai, mais ce sont les auditions pour le Prix d’Europe, qui s’y tiennent depuis des années, qui seront vraiment la dernière activité de cette saison, en juin: "Le Prix se donne ici depuis presque 20 ans, et ce n’est qu’une des traditions qui se sont établies", note Guy Soucie.
Une autre des traditions de la Chapelle est de présenter le Via Crucis de Franz Liszt lors du Vendredi saint (avec Jean Marchand au piano et l’Octuor vocal du Conservatoire), et cette fois-ci a bien failli être la dernière… En effet, la Direction du développement culturel de la Ville de Montréal annonçait le 10 mars dernier son intention de cesser de financer la programmation des activités de la Chapelle (250 000 $ par année). Heureusement, la mobilisation du milieu musical a forcé l’administration Tremblay à revenir sur ses positions et à annoncer, le 17 mars, le maintien du financement de la programmation. Il y aura donc une saison 20e anniversaire!
Chapelle historique du Bon-Pasteur
Tél.: 514 872-5338