Jon Anderson : Le début d’un temps nouveau
Jon Anderson revisite son univers personnel avec sagesse. Un périple qui retrace plus de 40 années de carrière.
La dernière visite du chanteur Jon Anderson à Montréal remonte au 18 août 2004, au Centre Bell, dans le cadre de la tournée 35e anniversaire de Yes. Le voici maintenant de retour, sur une terre apprivoisée depuis longtemps, avec un spectacle solo aux antipodes de la machine imposante que nous offre habituellement le groupe britannique.
Le spectacle Tour of the Universe n’est pas une aventure de science-fiction, mais bien une réflexion de la part de l’interprète sur l’ensemble de son travail d’auteur et de compositeur. En solo, l’artiste agrémente son tour de chant d’allocutions, et une installation visuelle sur grand écran est en interaction avec sa musique tout au long du concert. Aussi, Anderson sera accompagné, pour près de la moitié du show, par des musiciens de la Paul Green School of Rock (des gamins de 13-15 ans) qui joueront plusieurs pièces de Yes avec lui. D’ailleurs, ce sont eux qui feront la première partie de Yes durant la tournée du 40e anniversaire, cet été. "C’est un regard personnel sur mon écriture et ma musique, indique le chanteur depuis sa résidence en Californie. Un regard sur plus de 40 années de travail. C’était intimidant au début d’essayer de faire cette synthèse. C’est un exercice qui m’a amené à réfléchir sur le temps, le temps qui passe mais qui ne bouge pas. À l’intérieur de ce spectre, je me suis rendu compte que je ne faisais que répéter la même chanson, la même pensée avec des musiques et des mots différents. C’est une forme de cycle perpétuel qui s’équilibre."
La spiritualité semble être au coeur du travail d’Anderson. Assumée, elle contribue à cette force tranquille qu’il a exprimée tout au long de sa carrière. N’ayez crainte, ce spectacle solo ne se résume pas à un exercice de méditation inspiré d’une nouvelle tendance psycho-pop californienne. "Je suis un vieux hippie incorrigible et je ne changerai pas, constate-t-il en riant. Mais je ne suis pas porteur d’une vérité. Un de mes amis me disait que la religion est pour ceux qui ont peur de l’au-delà ou de l’enfer. Alors que la spiritualité, elle, est un état qui contribue à prendre conscience de sa place sur la terre au moment présent. On prend conscience de ses actes et de son rôle au lieu d’essayer de se racheter par la suite."
Philosophe à ses heures, l’artiste est néanmoins au fait d’une technologie qu’il maîtrise. Une discipline parallèle qu’il a assujettie à sa création. Il nous brosse un portrait surprenant de son aire de travail au moment de cette rencontre téléphonique. "Je suis présentement dans mon studio, en face d’un écran géant qui me permet d’être en contact visuel et sonore avec un orchestre symphonique en Angleterre. C’est une forme de workshop, si tu veux, dans lequel nous pouvons jouer ensemble simultanément et ainsi parfaire une composition. Mon rapport avec la technologie est permanent. Je l’utilise pour toucher les gens et accomplir un travail artistique. Nous sommes en train d’élaborer un dispositif de réalité virtuelle qui pourrait reproduire un spectacle en simultané. J’ai une idée précise de ce que je voudrais, mais la technologie n’est pas encore rendue là. Ma musique est très épurée, mais son lien avec la technologie n’est pas paradoxal. C’est une relation naturelle. La nature elle-même est au coeur de la technologie. N’y a-t-il pas des écrans à cristaux liquides?"
Le 26 mars
Au Théâtre St-Denis
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À écouter si vous aimez /
Yes, Vangelis, Kitaro