Raoul Sosa : Célébrer Sosa
Musique

Raoul Sosa : Célébrer Sosa

Le pianiste, compositeur, chef d’orchestre et pédagogue Raoul Sosa célèbre ses 40 ans de carrière au Québec par un récital où il invite tout le monde. Et c’est gratuit!

Originaire de Buenos Aires, Raoul Sosa était déjà un jeune pianiste plus que prometteur lorsqu’il s’installa à Paris en 1963 pour compléter sa formation. "Je me souviens d’avoir participé à une soirée très spéciale au Théâtre des Champs-Élysées. Il y avait des représentants de la Comédie-Française, des chanteurs russes, le mime Marceau, bref, beaucoup de monde sur scène, et pendant le programme est arrivée la nouvelle de l’assassinat de Kennedy! La soirée s’est poursuivie, mais c’était vraiment très spécial." C’est durant ce séjour à Paris, alors qu’il est finaliste dans tous les grands concours de piano, qu’il rencontre celle qui sera son épouse, et qui le ramènera à Montréal en 1967. Cet automne-là, il est nommé professeur au Conservatoire de musique de Montréal, et depuis, il a contribué à la formation d’un grand nombre de pianistes: "Oh oui! Il y en a qui font carrière ici, d’autres en Europe… C’est vraiment ma récompense en tant que professeur."

La carrière du pianiste a été assombrie au début des années 80: "J’ai eu un accident très bête… Je suis tombé dans la rue, et je me suis protégé avec ma main droite. Au début, je n’avais même pas mal, mais je travaillais beaucoup le piano, puis j’ai eu une tendinite, et ça a dégénéré… Ç’a été une période très dure." Raoul Sosa a dû littéralement réapprendre à jouer du piano… d’une seule main! "Bien sûr, c’est complètement différent, explique-t-il, et en tant que pianiste, on est privé d’une grande part du répertoire." Cependant, à force de détermination, le pianiste a pu dépasser cette contrainte extrême, et le compositeur qu’il est a aussi réussi à contourner l’infortune en ayant recours à des trésors d’imagination.

Il est vrai que le répertoire pour les pianistes qui n’utilisent que la main gauche est assez restreint, mais Raoul Sosa s’emploie à l’élargir avec ses propres oeuvres et en réalisant des transcriptions. Ainsi, on pourra entendre sa version de L’Oiseau de feu, de Stravinski, lors du concert célébrant ses 40 ans de carrière montréalaise: "C’est fou! dit-il en éclatant de rire; il s’agit d’une transcription que j’ai réalisée il y a longtemps. J’ai dû développer une technique d’écriture particulière pour ces transcriptions. La première grande oeuvre que j’ai transcrite, c’est Fantaisie chromatique et fugue, de Bach (disponible sur le disque qu’il a enregistré pour Analekta en 1996), et le résultat m’a encouragé à en faire d’autres."

Ceux qui l’ont vu ou entendu savent bien que la virtuosité de Raoul Sosa transcende la contrainte et que l’homme est un artiste d’un calibre exceptionnel. On pourra l’entendre interpréter ce dimanche trois études de Carl Czerny, six études de Chopin (transcrites par Godowsky), sa transcription de L’Oiseau de feu et deux de ses propres pièces: Sonate pour violon et piano pour la main gauche, de 1992 (avec Anne Robert) et, en création, Sonate pour piano et basson (avec Mathieu Harel). À ne pas manquer!

Le 30 mars
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau
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