Richard Desjardins : Richard Desjardins: Engagé jusqu’aux dents
Richard Desjardins savoure un Jutra pleinement mérité pour le documentaire Le Peuple invisible, qui sera présenté à Radio-Canada le 17 avril. De retour sur la scène pour présenter son spectacle Kanasuta, le poète ne s’éloigne pas de ses principes et se montre tenace devant une arène politique qui l’horripile.
Voir: Quelles sont vos obsessions du moment?
Richard Desjardins: "Dans le moment? J’en ai pas. Ça adonne ben, c’est tranquille de ce côté-là."
Qu’est-ce qui vous distingue des autres?
"Par rapport à qui? Si c’est les autres en général, je n’ai rien à dire là-dessus. Par rapport aux artistes… J’écris de la bonne poésie, mais je suis pas le meilleur. Je joue bien du piano, mais je suis pas le meilleur pianiste non plus."
Jugez-vous votre sort enviable?
"Oh que oui! C’est rare de finir un quart de travail et d’avoir 500 personnes qui t’applaudissent après."
Pourquoi vivez-vous là où vous vivez?
"Là où je suis aujourd’hui [Montréal]? Parce qu’au départ, en 1975, il n’y avait pas de salle de montage pour mon film en Abitibi. Donc, je me suis ramassé ici."
Nommez trois artistes que vous aimez.
"Trois artistes… J’en aime pas mal, c’est pas facile. Marie-Jo Thério, c’est sûr. Renée Martel. Pis qui d’autre? Martin Léon, je l’aime ben, lui."
Que dirait votre épitaphe?
"(Rires) Une épitaphe! On va la passer celle-là, c’en est une bonne. Il faut que j’y pense."
Qu’est-ce qui vous fait encore peur?
"Peur? Est-ce que j’ai peur de quelque chose? T’aurais dû m’envoyer ça avant, ces questions-là… Attends. Je suis toujours étonné de voir qu’on roule en machine à plus de 100 km/h et qu’il y en a plein d’autres autour qui font pareil. On n’y pense pas, mais c’est fou."
Qu’est-ce qui vous met en colère?
"Ben des affaires. En ce moment, c’est de voir notre Béchard de l’Environnement [ndj: le ministre Claude Béchard] livrer un plan forestier qui est supposé réglementer les forêts pour les 25 années à venir, avec une période de consultation de 30 jours. Seulement 30 jours pour consulter le monde et se prononcer là-dessus! Ça me met en colère. Il doit y avoir des élections qui s’en viennent, je suppose, et puis il va capitaliser là-dessus pour essayer de faire croire au monde qu’il a révolutionné l’environnement. Trente jours pour étudier ça et puis écouter ce que les gens ont à dire! C’est une vraie joke."
Où étiez-vous il y a 10 ans?
"Dix ans pile, c’est en 1998? J’étais à Bruxelles en spectacle. Je m’en rappelle parce que je venais de célébrer mon 50e anniversaire là-bas. Je viens de fêter mon 60e dimanche passé. Les gars de ma tournée commencent à trouver qu’il est pas mal long, mon anniversaire! Ils me demandent si ça va durer encore deux semaines! Ou bien c’est parce que je connais trop de monde? Ou bien c’est qu’il y a trop de monde qui me connaît?"
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire?
"J’ai tout reçu, c’est assez. Ma blonde a justement invité des amis proches, et d’autres personnes que j’avais pas vues depuis très longtemps. Je me suis ramassé entouré de 100 personnes. C’était ben le fun."
Même pour un million, je ne…?
"Pour un million de dollars? Même pour un million, je n’arrêterais jamais d’écrire."
Qu’aimeriez-vous oser faire?
"Je sais pas. Quelque chose d’impossible? Traverser l’océan Atlantique en chaloupe avec mon frère."
Que dirait votre épitaphe?
"Il y en a plusieurs que je trouve excellentes… J’en avais lu une que j’avais trouvée ben bonne: Piss on me, I’m dry!"
Les 3 et 5 avril à 20h
Au Grand Théâtre