Michel Pagliaro : Le roi Pag
Musique

Michel Pagliaro : Le roi Pag

De derrière ses lunettes noires, Michel Pagliaro porte un regard mi-lucide, mi-amer sur les aléas de la vie d’artiste qu’il mène avec intégrité depuis plus de 40 ans.

Vivre son rock implique un train de vie qui peut ressembler à une balade en montagnes russes. Depuis les années 60, celle de Michel Pagliaro comprend davantage de montées que de descentes, et c’est pourquoi il est l’un des artistes les plus respectés de l’industrie musicale au Québec.

2008 s’annonce comme une année ascendante pour le rockeur, car le mois prochain, il recevra le Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène des mains de Michaëlle Jean. "Je ne m’attendais pas à recevoir un tel prix. C’est un très grand honneur d’être choisi dans son pays comme un artiste qui a contribué à la culture." Appréhende-t-il le côté protocolaire de l’événement? "Non… Tu te mets un habit, pis on te met une médaille dans le cou, dit-il avec amusement. Ce n’est pas trop dangereux. Ça va être le fun."

La symbolique de ce prix aurait pu en déranger certains, mais pas Michel Pagliaro. Il ne trempe pas dans le politique. Or, on peut penser le contraire quand on sait qu’il a écrit des chansons aux paroles revendicatrices telles que J’ai marché pour une nation. "C’était un élan du coeur, mais pas rattaché à une culture plus qu’une autre", répond le chanteur qui a toujours fait carrière en anglais et en français. "Ce n’était pas politique, mais la chanson a trouvé un sens pour certaines personnes."

LA VIE D’ARTISTE

Il est étonnant de constater que malgré son statut, Michel Pagliaro, à l’aube de la soixantaine, reste un artiste marginal et indépendant. "J’étais indie avant même que le mot existe." Est-ce une fierté ou une malédiction? "Ni l’un ni l’autre. C’est dû au genre de musique que je fais."

Selon lui, il faut être prêt à ramer à contresens si on désire vivre de sa musique comme il le fait encore. "La vie d’artiste a toujours été difficile, car ce n’est pas une nécessité. Manger et dormir, ce sont des nécessités, mais si tu n’entends pas un disque le soir, tu n’en meurs pas…"

Reste que pour Michel Pagliaro, la musique est un véritable besoin. Depuis environ 20 ans, il comble celui-ci uniquement avec la scène, car un nouveau disque se fait attendre depuis tout ce temps. Cela s’explique en partie par le pessimisme qu’il témoigne à l’égard de l’industrie du disque au Québec. "C’est une industrie artificielle, soutenue par les payeurs de taxes. Elle profite aux gens qui exploitent les artistes. On est rendu dans un no man’s land. On applique une formule qui ne prône pas l’excellence."

"À Montréal, mon studio est juste à côté d’une place où il y a un paquet de p’tits bands qui pratiquent. C’est rough! Qu’est-ce qu’ils vont faire? Il n’y a pas de marché. Il y a un tas de groupes qui font des bonnes affaires, mais on ne les voit pas. La marginalité est mal représentée. C’est ça qui fausse toute la vision de ce qui se passe au Québec dans les arts. À la télévision, c’est rendu qu’on voit juste des animateurs d’une même chaîne qui s’invitent entre eux."

À Sherbrooke, Michel Pagliaro sera entouré des Enfants Terribles (Olivier Saint-Pierre et Fred Laberge aux guitares, Caroline Cameron à la basse et Benjamin Vigneault à la batterie), groupe qui accompagne également sa femme, Stephend Pagliaro, qu’on retrouvera en première partie du spectacle. "On a très hâte de jouer au Théâtre Granada. Je me souviens de l’endroit et de son allure… rococo."

Le 5 avril à 20h30
Avec Stephend Pagliaro en première partie
Au Théâtre Granada

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À écouter si vous aimez /
Offenbach, Corbeau, Steve Hill

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VOISINAGE ROCK AND ROLL

Michel Pagliaro fut le voisin de Leonard Cohen, un autre Montréalais récompensé en 2008 et qui s’apprête à remonter sur les planches. Ces deux "rockeurs" fraternisaient à l’occasion. "Je veux le féliciter. Qu’il soit intronisé au Temple de la renommée du rock and roll, je trouve ça inusité et… rigolo. Je pense que Leonard Cohen est un artiste qu’il faut découvrir live. Ce n’est pas ce à quoi on s’attend. Il est très bon sur scène." Parions que Cohen aurait félicité et complimenté Pagliaro à son tour.