Nada Surf : Matthew, t'es chanceux…
Musique

Nada Surf : Matthew, t’es chanceux…

Nada Surf s’amène en ville pour interpréter les pièces de Lucky, un disque rappelant au chanteur Matthew Caws que tout va pour le mieux.

La parution de Lucky, troisième album sous étiquette Barsuk en six ans pour Nada Surf, confirme l’entrée du trio new-yorkais dans une zone de confort. Après sa courte lune de miel avec l’industrie musicale commerciale, rendue possible grâce au méga-succès de la pièce Popular en 1996, le groupe roule peinard sur les rails du circuit indépendant, écoulant en moyenne 70 000 exemplaires de chaque nouvel effort produit.

"Aujourd’hui, avec le téléchargement sur Internet, les groupes commerciaux ont de plus en plus de difficulté à vendre des albums, alors que les petits groupes indé profitent de la toile pour se faire connaître à travers le globe", observe le chanteur-guitariste Matthew Caws. "Je crois qu’on évolue maintenant dans le meilleur des mondes. On peut remplir une salle au Brésil sans l’aide d’un numéro sur les palmarès. Mais tu sais ce que j’aime le plus de notre présente situation? Ce sont les radios où l’on nous reçoit en entrevue. Elles tournent toujours de la bonne musique. Finis les arrêts dans des stations qui ne nous ressemblent pas!"

Cette sérénité, on la ressent à l’écoute de Lucky, un disque pop alterno sophistiqué où le rock introspectif laisse beaucoup de place aux hymnes enjoués. Dans un autobus de tournée, quelque part entre Portland et Seattle, Matthew demeure toutefois ce musicien tourmenté qu’on a connu il y a douze ans. "Ce nouveau disque, ses ambiances et particulièrement son titre ont tout d’une lettre que j’adresse au moi du futur. Chaque fois que je vois une affiche de notre album à l’entrée des clubs où l’on joue, je me dis: "Voilà, c’est comme ça que je devrais me sentir en ce moment." Chaque jour, je pourrais me lever en me disant que je suis chanceux d’être en vie, de jouer de la musique, d’avoir un enfant, mais j’oublie de la faire. À l’avenir, Lucky me le rappellera. Me réveiller chaque jour en me disant que la vie est une aventure magnifique m’aiderait à moins penser à mes angoisses, mes regrets, mes insécurités. Ce message positif envoyé à moi-même était aussi derrière la chanson Always Love parue sur le dernier disque (The Weight Is A Gift). En l’écrivant, je sentais qu’il ne fallait jamais se fâcher et simplement aimer. Je ne suis pas comme ça, mais j’aimerais l’être."

Fils de professeurs de philo et de littérature – qui l’ont amené à vivre pendant un an en France alors qu’il n’avait que 5 ans -, Matthew parle un français impeccable. Brillant, posé, il s’analyse sans pudeur, et sa manifestation de gratitude s’inscrit dans un processus psychologique d’autodéfense contre sa propre mélancolie. "Ma vie serait plus facile si j’adhérais à une religion qui me dicterait comment agir, mais personne ne peut avoir d’autorité sur moi. C’est ce que j’explique sur la pièce Whose Authority. Le bouddhisme est la forme de pensée qui s’approche le plus de la mienne, mais je suis athée."

Ainsi expliqué, Lucky prend un tout autre sens. Allez, remettons la galette dans le lecteur.

Le 8 avril
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