Saule : Saule rieur
Le jeune Belge Saule revient au Québec pour une tournée en solitaire. Dans ses bagages, ses chansons rêveuses ou rigolotes et une énergie à faire trembler les spectateurs.
Ce premier album de Saule, qui fait le grand écart entre la tendresse et la déconnade adolescente, on a bien failli ne jamais l’avoir. L’artiste se traçait une route toute autre, loin de la guitare en bois qu’il trimballe aujourd’hui sur scène. "Il y a six ou sept ans, j’ai fait le conservatoire de théâtre à Bruxelles. Parallèlement, je faisais de la musique avec un groupe, mais plutôt du rock en anglais. Nous étions assez fans de Jeff Buckley, Radiohead… Et à côté de ça, comme j’étais au conservatoire, j’écrivais pour m’amuser des petits textes en français dans des carnets."
Le projet qui en découle s’appelle Saule. Mais alors pourquoi n’a-t-il pas simplement poursuivi sa route en rock francophone? "J’en avais un peu ras-le-bol du rock, de cette surenchère des guitares, de cette volonté d’absolument trouver un label. Saule, ça a été une bulle d’oxygène où je pouvais me réfugier: une guitare nylon, quelque chose de très épuré, léger. Je ne voulais plus rien prouver à personne, mais simplement faire de la musique qui me plaisait. Mes proches ont entendu ce que j’y faisais et m’ont encouragé à poursuivre en disant que c’était super chouette…"
Vrai que cet énergumène apporte de l’air frais sur la scène francophone. De la fantaisie, une rêverie assumée. Quitte à passer pour cucul ou naïf. Son CD s’appelle Vous êtes ici et nous emmène ailleurs.
Mais Saule est également un artiste du grand écart. Sur le CD, il passe aisément du gros rire aux larges larmes. "Quand on a réalisé le disque, c’était au tout début du projet. Ça s’est fait rapidement, comme une photo instantanée. Je me suis rendu compte des deux facettes des morceaux, triste ou drôle, comme dans la vie." Et sur scène, le chanteur prend une dimension toute autre, très théâtrale, qui pourrait décontenancer les fidèles de l’album. La voix quitte les rangs du murmure et de la timidité. Elle prend de l’expansion. La guitare n’est plus cajolée, mais frappée. Comme si la bête sortait de sa cage. Attention aux oreilles sensibles.
De cette exubérance scénique, la foule habituellement en redemande. Le Québec n’a qu’à bien se tenir, il rencontrera un Saule rieur et enjoué.
Le 3 avril à 20h
Au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke
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À écouter si vous aimez /
Jeanne Cherhal, Jérémie Kisling, Marie-Jo Thério