The Breeders : Esprits bagarreurs
Les Breeders se rapprochent de la rédemption avec Mountain Battles.
Les Breeders, c’est l’histoire – hélas typique – du groupe en qui on fonde d’énormes espoirs et qui finit par créer d’énormes déceptions, jusqu’au rachat salvateur que tous les fans de la première heure espèrent encore.
Prometteurs à leurs débuts sur disque en 1990 avec Pod, puis le quatre titres Safari de 1992 et finalement le très populaire Last Splash (disque platine), paru en 1993 et qui propulsa la bande au sommet des palmarès grâce au ravageur single Cannonball, les Breeders entamèrent ensuite une longue traversée du désert, ne refaisant surface qu’en 2002 avec le décevant Title TK. Bon, il y a quand même eu l’épisode Amp de Kim Deal qui ressemblait étrangement aux Breeders et celui du Kelley Deal 6000, mais presque 10 ans d’attente pour un album officiel aussi peu inspiré, la déception des fans qui y croyaient toujours fut grande et la bande ne s’illustra pas sur les palmarès.
C’est pourquoi le groupe avait envie de se rattraper rapidement, façon de parler. En fait, ce n’est que cinq ans plus tard que paraît enfin le quatrième album complet de la formation qui, après de nombreux changements, semble s’être stabilisée autour du batteur José Medeles, du bassiste Mando Lopez (ex-Fear) et des jumelles Kim et Kelley Deal. "Ce fut vraiment le fun de se retrouver tous ensemble, de créer à nouveau avec Kim, Kelley et Mando", précise José Medeles à propos du tout récent Mountain Battles. "Kim a toujours des idées, et ces idées viennent sporadiquement. Donc, ce disque, on l’a travaillé et conçu sur une période de trois ans. Un long processus dû à la reformation des Pixies qui prenait beaucoup de temps à Kim (vous savez tous que Kim Deal joue de la basse avec les Pixies depuis toujours, right?). On a donc dû grignoter le peu de moments qu’on avait pour faire ce disque, et laisse-moi te dire qu’on a grignoté."
Si Mountain Battles est moins sombre que Title TK, il demeure tout de même légèrement étrange et torturé. Reste que ces moments plus éthérés sont non seulement plus rares que sur le précédent album, mais ils sont aussi plus inspirés et, heureusement, entrecoupés de ces chansons pop déglinguées qui sont la raison principale pour laquelle on aime les Breeders. "Mountain Battles est plus varié", souligne le batteur qui a aussi tenu les baguettes pour Joey Ramone, Face To Face et Ben Harper, entre autres. "Il y a des arrangements plus élaborés sur ce disque, différents instruments, une chanson en allemand et une en espagnol. Ce n’est pas un album aussi éparpillé que Title TK, à mon avis. Et pas aussi sombre, surtout."
Ce disque était sombre parce que les deux soeurs traversaient une période sombre, peut-être? "Oui, c’est le moins qu’on puisse dire", rigole le musicien sans s’étendre sur lesdits problèmes des jumelles Deal. "C’est un peu pour ça qu’on a choisi ce titre car on a dû livrer de nombreuses batailles pour arriver à le terminer, ce disque. Autant sur le plan personnel que professionnel. Ce fut vraiment un gros défi pour nous. C’était ce titre ou A Very Challenging Record To Finish, ironise José. Entre les deux, je préfère Mountain Battles!"
The Breeders
Mountain Battles
(4AD/Beggars/Select)
À écouter si vous aimez /
Pixies, Throwing Muses, The Amps