Andrea Lindsay : Andrea a un je-ne-sais-quoi
Andrea Lindsay s’est lentement extraite de son cocon timide et se prépare à déployer ses ailes polychromes, à l’image de sa pop lollipop.
Des cheveux couleur de blé, des yeux bleus pétillants, des tenues dignes d’une ballerine, un mignon accent tout rond, une voix haut perchée, cristalline… Andrea a un je-ne-sais-quoi qui pousse tout spectateur à s’arrêter net, à prêter une oreille avide à ses tonalités sucrées, à dévisager ce papillon fragile et éthéré qui bat timidement des ailes. Née à Guelph, Andrea Lindsay est une Anglo-Ontarienne qui a succombé à la francophilie dès l’âge de 18 ans. En voyage à Paris pour deux mois à la fin de ses études collégiales, la jeune chanteuse – qui évoluait alors au sein de la formation anglophone Tuesday 5 – tombe fatalement amoureuse de la langue de Molière. "Après deux mois, on commence à peine à comprendre une langue. Alors j’avais mon petit livre de 501 verbes français et je me débrouillais avec ça", illustre-t-elle de son joli accent anglo à la Petula Clark.
Elle retournera en France pendant un an comme "jeune fille au pair" afin de s’immerger totalement dans la faune francophone, de prendre des cours de langue, et de l’aimer encore davantage à travers les Brassens et Gainsbourg. "J’ai découvert tout un monde. Du français, j’aime les mots, les sonorités, le champ lexical, la façon de bouger la bouche, même. Puis, il y a le romantisme dans la langue, dans le vocabulaire, qui m’a bien plu. C’est aussi un tout autre registre sur le plan musical, on chante plus haut."
AVOIR FOI EN ANDREA
De retour au pays de la feuille d’érable, Andrea grattera la guitare dans une langue que ses parents ne comprennent pas. Elle entreprend une première année d’études en chant classique à l’Université de Sudbury pour ensuite se consacrer à des études en French et en traduction à l’Université de Guelph. Pour ne pas "perdre son français", elle plie ensuite bagage vers la métropole québécoise à la conquête de l’industrie du disque. "C’est à ce moment que ça a cliqué que mes deux passions pourraient peut-être aller bien ensemble, qu’il y avait peut-être un marché, une communauté musicale pour ça!" Le musicien Éric Graveline croise alors son chemin et deviendra son complice dans la composition et la production – "avec peu de moyens" – de son premier album francophone, intitulé La Belle Étoile et lancé en mai 2006. "J’avais la trouille au début. Je me demandais: "Mais qu’est-ce que je fais là?" Je devais y croire et trouver des personnes qui auraient foi en moi."
Deux années après sa parution, Andrea tient donc toujours cet album à bout de bras, et son accueil récent au sein de GSI Musique a pu lui donner un second souffle et accélérer les choses. "Je suis contente de pouvoir chanter Les Yeux de Marie pour la 500e fois en l’aimant encore. C’est encore moi, ça me ressemble, et j’ai pas de mal avec ça." Sur la galette, 12 titres de pop musette se disputent l’attention de l’auditeur. Elle en signe neuf et emprunte trois textes: elle revisite en musique un poème de Victor Hugo qu’elle chérit, Demain, dès l’aube, et explore son côté suave dans les pièces en espagnol Insensatez de Tom Jobim et Vinicius de Moraes et Porque te vas de José Luis Perales. Dans ses propos légers, tantôt naïfs, un brin enfantins et rêveurs, Andrea traite d’amour, encore d’amour, d’une tasse de thé sirotée sur une plage, d’une série d’accidents de parcours, de la vie qui suit son cours…
LA BONNE ETOILE
"À la belle étoile/Quelques étoiles filantes/Et toi la bonne étoile/Autour de toutes ces figurantes", chante M sur La Bonne Étoile. Une bonne étoile, Andrea Lindsay en a une bien à elle qui scintille dans le firmament. Au fil de ses rencontres avec les gens de l’industrie et forte de son expérience de scène toujours grandissante, Andrea cumule des tournées au Canada comme en Europe. "J’ai brisé ma coquille, mais c’est encore du travail pour moi, la scène. C’est comme un nouvel emploi; les premières journées, tu es plus gêné, tu dis bonjour à tout le monde un peu mal à l’aise parce que c’est nouveau. Puis, à un moment donné, c’est notre bureau, ce sont nos amis, nos points de repère. Alors je pense que c’est la même chose, j’ai pris mon aise et je me dis maintenant: "Je suis au travail, je suis chez moi." Il y a des soirs où c’est magique, d’autres où j’ai l’impression d’avoir régressé. C’est chimique, un être humain!" observe celle qui a un peu plus d’une cinquantaine de spectacles dans les jambes.
Elle a fait notamment partie de la tournée Toutes les filles – avec les Mara Tremblay, Catherine Major, Ginette et compagnie -, ce qui l’a menée à se jumeler avec Brigitte Saint-Aubin pour Être… à la belle étoile, une série de spectacles donnés en novembre dernier. "Ça m’a permis de faire mes chansons, mais aussi d’accompagner les autres musiciennes avec ma guitare, puis de ne pas avoir peur de jouer d’autres instruments comme le glockenspiel. Ça a été très enrichissant", note celle qui assurait à la même période les premières parties de Daniel Lavoie. Elle a également pris part à la tournée du Grand 8 – une passerelle de création musicale entre la France et le Québec – et au rendez-vous pancanadien Les rencontres qui chantent.
Qui plus est, l’année est à peine entamée que déjà Andrea a remporté quatre prix de l’industrie qui lui permettront de partir en tournée en Europe (Prix des diffuseurs européens SODEC/RIDEAU), en Ontario (Prix Coup de foudre – Contact ontarois), de se produire à la FrancoFête d’Acadie (Prix RADARTS) et d’entreprendre sa rentrée québécoise à l’automne avec un nouveau spectacle original (XM Radio Satellite/RIDEAU). Décidément, son entourage a eu du flair en lançant le single Bonne Année pour commencer 2008 du bon pied. "Je pense que c’est une année charnière, que c’est mon année pour décoller. J’ai aussi l’impression que 2009 et 2010 vont être importantes. Je suis ravie", conclut la lumineuse fée chanteuse.
Le 18 avril à 20h, avec Joëlle Roy
À la Quatrième Salle du CNA
À écouter si vous aimez / Carla Bruni, Vanessa Paradis, Petula Clark