Duchess Says : Trilogie pour oiseaux
Musique

Duchess Says : Trilogie pour oiseaux

Duchess Says a mis trois ans pour accoucher de son premier album: Anthologie des 3 perchoirs. Portrait d’un groupe, fasciné par les perruches, qu’on n’attendait plus.

Fondateurs de la mystérieuse Église de Budgerigars, communauté vouant un culte à la perruche, les Montréalais de Duchess Says ont beau faire de l’oiseau leur emblème, poussées à 11 dans une stéréo de salon, les compositions punk abrasives de leur premier album mèneraient à l’auto-combustion soudaine de l’oiseau vert. "Je crois qu’elle figerait et tomberait doucement sur le côté", blague l’expressive chanteuse et multi-instrumentiste Annie-Claude Deschênes.

Rencontrés à la Casa del Popolo, Annie-Claude, le claviériste Ismaël Tremblay et le guitariste Philippe Clément ont le coeur léger (le batteur Simon Says complète le quatuor). Voilà maintenant trois ans qu’un public conquis grâce à des performances explosives leur demande quand sortira ce fameux premier disque. En magasin le 15 avril, Anthologie des 3 perchoirs capture toute l’énergie brute du groupe, 42 minutes de dissonance. "On se sent libérés, explique Ismaël. Partout où on jouait (Canada, États-Unis, Europe), les gens étaient déçus de voir qu’on n’avait toujours pas d’album. On a tellement repoussé les deadlines imposés par notre maison de disque qu’on ne retournait même plus leurs appels. En fait, on se cachait parce qu’ils nous avaient prêté 5000 $ pour enregistrer il y a deux ans, et on n’avait toujours rien à leur soumettre."

Les directeurs de l’étiquette Alien 8 n’auront pas besoin d’appeler l’huissier, leur poulain s’est ressaisi à temps, juste avant que le groupe cède sous le poids de la pression. "On s’était perdus à vouloir faire trop compliqué, explique Philippe. Arrivé en studio, il y avait soudainement trop de possibilités. On s’est mis à réfléchir… Ce n’était pas une bonne idée."

"Lorsqu’on monte sur scène, on arrive avec assurance en se disant que tout peut arriver, poursuit Annie-Claude. Ça représente une forme de danger qui canalise nos énergies, alors qu’en studio, t’as pas trop le droit à l’erreur. Ce n’était pas naturel pour Duchess Says. C’est en revenant à la base, au local de pratique, qu’on a retrouvé notre chimie. Mais on n’avait plus une cenne. On a finalement acheté du matériel d’enregistrement grâce à un héritage reçu par Ismaël le jour de ses 30 ans."

Question de payer son loyer à nouveau, et peut-être de s’acheter un sac de cigarettes indiennes, Ismaël a mis l’équipement sonore en vente sur LesPAC dès le disque complété: "Micros Neumann KM-184 (paire) 1300 $, Moniteurs Mackie HR 626 1200 $, Carte de son Motu 828 mkII 650 $, Préamp Mackie Onyx 800r 900 $." Les prix sont fermes, dit-il.

Comme l’indique son titre, l’Anthologie des 3 perchoirs renferme le meilleur de tout ce que le groupe a enregistré en carrière, comprenant les versions de Ccut Up, Rabies (Baby’s Got The) et Black Flag déjà entendues sur son maxi. Avec ses 13 titres cacophoniques, la galette permettra à la formation de s’éloigner de l’étiquette électro-clash et de s’associer davantage au mouvement punk noizy montréalais qui a vu naître les Georges Leningrad et We Are Wolves. "Les gens nous ont accolé l’étiquette électro-clash à cause de nos débuts en duo (deux claviers et voix) et de notre participation à la compilation Kink! de Frigid, mais on se sert de nos synthés pour faire du bruit, comme Sonic Youth utilise ses guitares pour créer un feedback. Philippe s’est joint au groupe pour amener une facette plus rock, plus expérimentale, et l’arrivée du batteur Simon s’est faite dans la même optique, on voulait se débarrasser des séquences et du côté électro."

Reste à cette Église de Budgerigars à propager la bonne nouvelle aux quatre coins du globe. Prochaine messe au National.

Le 17 avril
À La Tulipe

À écouter si vous aimez /
Georges Leningrad, We Are Wolves, Sonic Youth