Fabio Biondi : Une leçon baroque
Musique

Fabio Biondi : Une leçon baroque

Le violoniste Fabio Biondi s’amène à Québec avec son ensemble Europa Galante dans un programme teinté par le soleil italien.

La notoriété de l’orchestre baroque Europa Galante s’est bâtie sur une réputation infaillible. L’ensemble italien a posé de nouvelles balises dans le monde de la musique baroque. Avec lui, Vivaldi a trouvé une nouvelle vie, et le chef fondateur, le violoniste Fabio Biondi, une nouvelle famille. "C’est un peu l’objectif lorsqu’on démarre une telle entreprise, précise-t-il. Pour les voyages, c’est très important de concilier la musique et la vie. Cette ambiance nous fait du bien, et nous pourrions même définir cet orchestre comme une maison."

Après avoir additionné les productions discographiques sur les étiquettes Opus 111 et Virgin Classics, l’ensemble a trouvé une stabilité qui lui permet maintenant de se renouveler et de traverser les décennies. Nous pourrions penser que son renom a contribué avec le temps à lui donner un statut d’ambassadeur pour la culture italienne. Il semble en être autrement. "Les gens cultivent très souvent cette idée, ils s’imaginent que l’Italie s’enorgueillit de sa culture et appuie sans réserve les acteurs artistiques qui y contribuent, explique-t-il. Pour dire la vérité, c’est tout le contraire. Après la fondation de l’orchestre, les premières années furent un temps d’adaptation. Il nous a fallu de quatre à cinq ans, avec la contribution des médias extérieurs, pour avoir un peu d’appui de la part du milieu culturel politique italien. C’est une entreprise qui demeure difficile. Les choses changent un peu ces derniers temps en Italie, il y a un peu plus d’actions de la part du gouvernement, et nous avons plus de possibilités. Mais, pour te montrer un exemple, en 2000, plus de 90 % de nos engagements étaient à l’extérieur de notre pays."

Sa renommée internationale, Europa Galante l’a acquise avec un premier enregistrement des Quatre Saisons de Vivaldi en 1991. Dix ans plus tard, il récidivait avec une nouvelle production de cette oeuvre, une onde de choc qui nous a montré à quel point un ensemble peut se métamorphoser. "Notre première interprétation a très bien marché, c’est une vision plus pure que la seconde, et peut-être plus accessible. Lorsque nous y sommes revenus en 2001, les idées s’étaient accumulées. Dix ans de concerts et de tournées, ça donne beaucoup d’idées! Avec cette nouvelle interprétation, nous avions l’intention de créer un objet différent. C’est une interprétation qui a fait des remous, c’est vrai. Effectivement, nous avons manipulé une oeuvre pour en élaborer une nouvelle conception, mais avec du respect pour le compositeur. Si une brèche s’est ouverte dans l’interprétation de la musique baroque avec cet enregistrement, c’est tant mieux! Il faut se rendre compte que Vivaldi, ce n’est pas seulement un cliché, et que jouer sur des instruments d’époque n’est pas un handicap."

Leur désir de se renouveler s’additionne à celui de la recherche afin de démystifier les compositeurs qui se tapissent dans l’ombre du prêtre roux. "À une certaine époque, les oratorios de Haendel n’étaient pas produits, se rappelle-t-il. On ne connaissait que les mêmes arias ou encore Le Messie. Très jeune, c’est quelque chose qui m’avait frappé. Il y a une part d’investigation lorsque je suis à Naples dans les archives d’une bibliothèque. L’auditoire que nous avons est prêt pour la découverte et l’émotion que procure le témoignage d’une oeuvre inconnue."

Le 14 avril à 20h
Au Palais Montcalm
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À écouter si vous aimez /
Il Giardino Armonico, The Venice Baroque Orchestra, Tafelmusik