Lesbo Vrouven : Stratégie: Blitzkrieg
Lesbo Vrouven déverse à nouveau son trop-plein de fougue avec Encore la mort. Place à l’urgence de créer.
En faisant la conversation avec Sam Murdock, il nous est impossible de cerner un seul sujet à la fois. Les idées fusent dans la tête de l’artiste, qui collectionne les productions et les collaborations depuis maintenant cinq ans. Chez lui, où il nous invite pour l’entrevue, dans une maison de la 1re Avenue à Limoilou, son environnement s’adapte à une seule passion. Plus un lieu de travail qu’un habitat paisible, l’espace se métamorphose pour devenir le centre névralgique de l’étiquette P572, dont il assume la direction artistique.
Avec Sébastien Leduc à la direction de production, il forme le coeur d’une maison de disques qui cultive une vision indépendante et qui s’inscrit depuis un certain temps comme l’un des acteurs culturels les plus prolifiques de la scène musicale de Québec. Pour Sam Murdock, la philosophie derrière cette association s’appuie sur une vision simple. "On dit très souvent que les disques ne se vendent plus et que c’est la fin, constate-t-il. Nous, on va contre toute logique, et chaque production est un objet unique. Ce n’est pas quelque chose de jetable, les gens doivent être touchés. La vision artistique du label P572 se détermine par des coups de coeur. Les artistes qui s’y retrouvent, autant pour la musique que pour le travail visuel, ce sont des amis. Sans le vouloir, il y a un fil conducteur qui se tisse avec le temps. Nous ne sommes pas un label électronique, nous ne sommes pas un label rock, on touche à beaucoup de choses et on accompagne des artistes qui sont majoritairement situés à Québec."
Avec les années, le catalogue s’est imposé. Avec (swedish) Death Polka, Les Goules, Millimetrik et Lesbo Vrouven, l’écurie P572 est maintenant composée d’artistes qui reflètent une alternative musicale vivante et bien implantée à Québec. Le tout s’accompagne d’une mise en marché conséquente qui commence à faire jaser outre frontières. "Ce sont leurs mots et non les miens, précise-t-il, mais plusieurs personnes dans le milieu musical, à Toronto et à Montréal, constatent que nous sommes l’étiquette de disques la plus importante à Québec. Important n’est peut-être pas le mot juste pour nous, ce qui nous importe, c’est d’être le label le plus présent."
MUSIQUE AU PLURIEL
L’espace d’un instant, la personnalité composite du producteur laisse place à l’artiste qui se cache derrière le groupe Lesbo Vrouven, complété par le bassiste Hugo Lebel (Les Goules et Headache24) et Antoine Caron, qui a remplacé le batteur Max Vrouven. L’espace d’un instant seulement, car Murdock nous expose vite sans détour la réalité dans laquelle ce deuxième disque, intitulé Encore la mort, a été réalisé. "Lesbo Vrouven, c’est un projet qui a une âme en soit, expose-t-il. Il faut mettre en contexte que je travaille en même temps sur le prochain disque de (swedish) Death Polka et sur Princess et Murdock (avec Pascal Asselin) pour la sortie d’un 45 tours cet été. Nous venons de faire le lancement de Millimetrik, et je vais jouer de la basse sur le prochain disque de Jane Ehrhardt que nous allons produire. Il y a aussi Darren Hayman, le chanteur du groupe britannique Hefner, qui s’associe avec nous…"
Cet état de surproduction correspond en tous points au caractère névrotique qui caractérise le son de la formation. Malgré tout, on comprend vite que ce contexte de production sied parfaitement à la suite de Je reviens Geneviève, le premier disque de Lesbo Vrouven. "Pour le deuxième disque, nous aurions pu passer trois semaines en studio, explique-t-il. Tu arrives un lundi et ça marche plus ou moins bien et tu reviens le lendemain pour faire une autre chanson, etc. Moi, au contraire, mon but était de me pousser mentalement et physiquement jusqu’à la limite et de A à Z. Sur l’album, toutes les chansons sont enregistrées live. S’il y avait une erreur, nous devions reprendre la chanson au complet. Il nous fallait la même intensité de bout en bout. Il faut que ce soit dans ta face tout le temps. Tout s’est fait en deux jours."
Même dans la production, le groupe se caractérise par une dynamique en chaîne, sans aucune pause et avec urgence. "Je veux réinventer les règles du jeu, admet-il. Avec le label P572, je veux faire ce que je veux quand je veux. Nous avons cette possibilité aujourd’hui parce que les gens sont réceptifs à ce que nous produisons, et ça nous donne encore plus de liberté. Nous aurions pu respecter les standards d’une étude de marché. Enregistrer le disque en septembre et faire la conception de la pochette pendant les mois d’octobre et novembre. Attendre ensuite la meilleure date de sortie, peut-être l’hiver ou le printemps? En tout, attendre six mois avant de sortir l’album pour retravailler les chansons. Mais, ce ne serait plus Lesbo Vrouven."
Avec Duchess Says
Le 18 avril à 22h
Au Cercle
À écouter si vous aimez:
Les artistes de P572, Duchess Says, Yeah Yeah Yeahs