Susie Arioli Band : Fixer le temps
Le Susie Arioli Band se prépare tranquillement à sortir de l’hibernation.
Le téléphone hoquette quelques coups, puis une voix douce et assurée s’anime au bout du fil. Cette voix dont le charmant accent trahit la langue première – l’anglais -, c’est celle de la chanteuse jazz Susie Arioli qui, depuis la sortie du DVD Live at the Montreal International Jazz Festival le printemps dernier, a ralenti la cadence. "On travaille doucement, lentement, gentiment sur le nouveau CD. On a pris ça bien relax cette année. C’est cool! On tripe sur le printemps, le chat miaule…" illustre-t-elle avec des images du quotidien.
L’interprète semble en effet détendue. Mais lorsqu’elle raconte qu’elle "n’a rien fait" au cours des derniers mois, on la croit à peine. Le Susie Arioli Band, qui assumait la première partie de Ray Charles au Festival International de Jazz de Montréal en 1998, a toujours choisi avec soin le répertoire de ses (quatre) disques antérieurs. La prochaine galette ne devrait donc pas faire exception à la règle et, par conséquent, a dû exiger un certain effort de recherche, surtout si elle entretient des liens de parenté avec Learn to Smile, album concept qui alliait swing, blues et country. Arioli confirme l’hypothèse. "On revisite les standards des standards. D’habitude, on ne fait pas vraiment ces chansons-là. Mais j’aime ça parce que c’est un autre langage de jazz, c’est un peu plus moderne, athlétique et intello. Je pense qu’on est prêts à faire ça maintenant. Jordan [Officer, guitariste et complice de longue date] n’était pas un jazzman quand je l’ai rencontré, mais il apprend de plus en plus. Moi, je connaissais ce genre de jazz, mais je ne me sentais pas à l’aise là-dedans. On attendait une certaine maturité pour pouvoir donner quelque chose d’intéressant…" dit-elle en riant. "Là, je vois qu’être une chanteuse de jazz, c’est crissement difficile! C’est bien que j’aie attendu, tu sais. Parce que c’est quand même pas évident toutes les subtilités."
DIRECTION: LES OIES BLANCHES
Si son agenda affiche plusieurs cases vides, cela n’empêche pas le Susie Arioli Band de se produire de temps à autre. La formation est justement attendue au Théâtre Belcourt de Baie-du-Febvre ce week-end. Elle y présentera un spectacle dont le contenu n’est jamais coulé dans le béton. "Quand on fait un album, c’est le fun de jouer avec l’idée des concepts. Mais quand on fait un spectacle, on n’a pas assez de temps et, moi, je veux triper avec les gens. Alors, on a tendance à mélanger des choses qu’on a faites dans le passé. On adapte chacun des shows à ce qu’on a envie de faire ce soir-là: c’est un méli-mélo", convient la chanteuse qui privilégie toujours l’émotion dans ses pièces.
Susie Arioli sera accompagnée de Jordan Officer, mais aussi de Bill Gossage, guitariste dont le nom résonne dans le monde du jazz, du folk et de la musique celtique. "Maintenant, on travaille en power trio, comme on avait commencé. C’est power parce que je joue de deux instruments: je chante et je joue de la caisse claire. Et les deux garçons vont faire les back vocals. C’est comme si on avait six instruments, mais on est trois personnes. Je me sens "back to my roots". On a aimé travailler avec d’autres gens, mais on apprécie aussi bosser à trois parce que c’est un peu plus nu et cru, et un peu plus sous notre contrôle. Si on entend une musique dans notre tête, on est capables de la reproduire. En plus, on est minimalistes au bout!"
ÊTRE VRAIE
Au cours de l’entretien, Susie Arioli exprimera son besoin d’être vraie, d’être elle. Un besoin qui l’amène étonnamment à emprunter le chemin de l’humilité…"Pourquoi je fais ça? Est-ce que je fais ça parce que je peux triper et montrer toute ma puissance comme chanteuse? Des fois, on fait ça de même, juste parce qu’on est bons là-dedans et on essaye ça avec du power. Et des fois, ce que tu veux vraiment exprimer, ce n’est pas la puissance, mais la tendresse. Ça, c’est moi. Moi, ça me plaît d’être sur la scène et d’exprimer ça. Ça me plaît moins de montrer comment je suis bonne…"
Le 12 avril à 20h
Au Théâtre Belcourt
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