Cadence Weapon : La synthèse du son
Cadence Weapon se présente pour une seconde fois sur une scène de Québec en compagnie de Buck 65. Un tandem-choc qui sort du cliché.
C’est au milieu de sa tournée américaine que nous joignons Rollie Pemberton dans une chambre d’hôtel de Cleveland. Les écarts de température ont eu raison du rappeur connu sous le nom de Cadence Weapon. L’artiste d’Edmonton a la voix enrouée et souhaite ardemment que le tout se rétablisse le plus tôt possible afin d’être fin prêt pour monter sur scène le jour suivant.
Presque au terme de cette troisième tournée en sol américain, il prend un peu de recul pour réfléchir à la réception de son deuxième album, Afterparty Babies, sur ce territoire où pullulent les productions rap en tous genres. "Les gens se présentent aux spectacles, ils viennent voir, mais je crois qu’il règne une confusion par rapport à mon style musical, constate-t-il. Ils sont intrigués, ça c’est sûr, mais la dimension électronique de ma musique les rend perplexes. Tu devrais voir en Europe! Là-bas, c’est beaucoup plus facile. Ils s’y retrouvent et c’est la fête!"
Pas surprenant: son esthétique musicale semble n’avoir aucune limite stylistique. Hors norme et intégrant l’électro autant que certains éléments sonores de type jeux vidéo (8 bits) sur une pièce comme Limited Edition OJ Slammer, il ne peut être classé dans une case précise.
En compagnie du turntablelist DJ Weez-L (qui a plus des allures de vedette rock des années 70), Cadence Weapon ne se résume pas à un cliché. "Ça fait plus de sept ans maintenant que je collabore avec lui. Ce n’est pas un DJ traditionnel. Il cultive aussi des affinités musicales totalement différentes des miennes. C’est un performeur incroyable. En ce qui a trait aux beats et à l’édition, c’est moi qui m’en charge. C’est un travail assez solitaire, donc j’essaie de me créer une bulle." L’excellente Getting Dumb est sans contredit un exemple de ses talents de producteur, même si le principal intéressé n’en fait pas tout un plat.
Kaléidoscope sonore, son dernier disque réunit des pièces – comme Real Estate et Messages Matter – qui semblent se mettre en conflit les unes les autres avec leurs esthétiques sonores indépendantes. Cette dynamique dévoile un comportement de mélomane qui n’est pas surprenant vu le passé de critique musical de Pemberton, qui s’additionne à l’héritage culturel que lui a légué son père Teddy Pemberton. "J’ai toujours été très critique envers la musique, affirme-t-il. Mais au-delà du style, c’est la qualité qui prime. Il n’y a rien de pire qu’une musique corrompue d’avance. Lorsqu’on a un père disc-jockey qui aime autant la musique, ça corrompt! C’est un encadrement qui a déterminé très rapidement un champ d’intérêt qui est devenu une obsession. Mais j’ai quand même cultivé le fantasme de devenir une vedette rock tout en essayant de jouer de la guitare. Pas très longtemps, par contre", ajoute-t-il en riant.
L’ironie plane au-dessus de certaines compositions, où l’auteur livre un discours qui décortique la scène club et ses réflexes stylistiques. Tout sauf gangsta ou old school, le rappeur s’emploie à une rigueur qui fait volte-face devant les courants en vogue. "J’ai constamment des idées très différentes les unes des autres quand j’écris, et quelquefois je m’engage un peu plus. On ne peut quand même pas nier que nous sommes infectés par des stéréotypes complètement stupides! C’est important de s’en rendre compte et de constater que ça peut influencer une dynamique sociale au sens large."
Le 21 avril à 20h
Au Cabaret du Capitole
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À écouter si vous aimez /
Macromantics, Buck 65, Timbaland