The Aggrolites : Gros reggae sale
Les Aggrolites ont récemment vécu des moments difficiles. Heureusement, leur dirty reggae met un baume sur leurs blessures.
Ils ont des têtes de skinheads mais leur musique est à des lieues du oi et du street-punk. Ce groupe de Los Angeles est en fait bien plus proche des racines jamaïcaines que de quoi que ce soit d’autre. "Je ne comprends toujours pas pourquoi les gens persistent à nous cataloguer comme un groupe ska", précise Jesse Wagner, coincé sur une autoroute de Los Angeles. Le chanteur de la formation californienne, en chemin pour un concert soulignant le coup d’envoi de la tournée Vans Warped 2008, tournée à laquelle les Aggrolites participeront, prend son mal en patience. "Nous sommes un groupe de dirty reggae. Nos influences tournent autour du vieux reggae, disons ce qui se faisait dans le genre en Jamaïque ou en Angleterre entre la fin des années 60 et le début des années 70. On pourrait étendre ça jusqu’au début des années 80 pour certains groupes ou chanteurs. Esthétiquement, par contre, nous nous identifions davantage aux skinheads britanniques de la même époque, ceux qui écoutaient beaucoup de reggae. Des groupes comme les Symarips (formation reggae/skin anglaise) nous ont pas mal marqués."
Précisons que les skinheads à qui le chanteur fait référence n’étaient pas nécessairement associés au National Front et aux groupuscules d’extrême droite. Il s’agissait plutôt de jeunes ouvriers prolétaires en réaction au mouvement hippie. The Aggrolites n’est donc certainement pas un groupe raciste! "C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de blacks à nos concerts, acquiesce Jesse Wagner du bout des lèvres. C’est possiblement parce que notre musique n’est pas du tout diffusée sur le circuit reggae typique. On a bien fait quelques festivals de reggae mais on n’a jamais joué en Jamaïque. Reste que je pense que les Jamaïcains comprendraient notre truc", souligne celui qui a récemment passé son voyage de noces au pays de Bob Marley.
Une énergie typiquement punk, surtout sur scène, et un reggae costaud, balancé avec fougue: voilà la recette appliquée avec brio par le combo depuis sa formation en 2002. En trois albums (Dirty Reggae, The Aggrolites et le récent Reggae Hit L.A.), la bande a réussi à se qualifier comme un des groupes d’early reggae les plus authentiques de la planète. Les sonorités brutes, le son vintage que les cinq musiciens préconisent et le désir de rester fidèles à la ligne font des Aggrolites un des gardiens du son typique de l’âge d’or du reggae, avant que cette musique ne s’occidentalise ou ne se numérise. On parle de reggae, mais les Aggrolites sont aussi très soul! "Tout à fait! Je te parlais de l’influence qu’ont eue certains musiciens jamaïcains, mais je dois admettre que nous sommes tous de gros fans de vieux soul. Notre dernier album est d’ailleurs un peu plus dans cette veine. Cela dit, notre prochain disque sera probablement plus cru. On va retourner à un son reggae plus agressif. On a passé un moment difficile récemment et on a envie de faire sortir le méchant."
Ce moment difficile auquel Jesse Wagner fait allusion est la mort prématurée de leur nouveau bassiste, l’ex-Hepcat David Fuentes, peu de temps après que celui-ci eut remplacé J Bonner, qui, lui, était là depuis les débuts du groupe. "Bonner a quitté en août 2007 parce qu’il avait envie de faire autre chose et que les tournées lui pesaient. On pensait avoir trouvé le remplaçant idéal avec David, que nous connaissions tous depuis longtemps… Sa mort nous a complètement sonnés, reconnaît péniblement Jesse. C’est donc maintenant Jeff Roffredo qui occupe le poste. Il était contrebassiste avec (le groupe psychobilly) Tiger Army et je dois dire qu’on avait un peu peur, mais il faut admettre qu’il se débrouille très bien!"
Le 21 avril
Au Cabaret avec Stepper
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À écouter si vous aimez /
Symarips, The Specials, Toots and the Maytals