Akufen : Une banane dans l'oreille
Musique

Akufen : Une banane dans l’oreille

Rares sont les compositeurs de musique électronique qui ont perduré par-delà la vague montréalaise du début du siècle. C’est le cas d’Akufen.

Joint par téléphone plus tôt cette semaine, Marc Leclerc alias Akufen n’est pas épris de la fièvre du hockey qui enflamme actuellement Montréal. Ce qui n’empêche pas le disc-jockey superstar de révéler une opinion précise sur l’état actuel de la grande métropole. "C’est triste de voir Montréal en décrépitude… J’ai l’impression que ma ville est laissée à l’abandon, qu’elle se vide de tout son potentiel, et je ne parle pas seulement de la scène de musique électronique!" Doit-on comprendre qu’un déménagement à Londres ou Berlin devra être envisagé d’ici peu? "Non, pas du tout. Ce serait une erreur de déménager dans mon cas, même si j’adore Berlin. C’est une ville extraordinaire, le coût de la vie y est comparable à celui du Montréal d’il y a quelques années…"

Assurément fier de participer au populaire festival Mutek depuis le début, Akufen préfère s’étendre davantage sur le succès du label Musique Risquée, qu’il a cofondé avec Vincent Lemieux et d’autres, une étiquette qui franchira le cap des 20 parutions prochainement. "Plein de trucs à venir pour Musique Risquée, notamment un Torontois, Jason Hopfner, qui endisque sous le nom de Knowing Looks, un gars qui travaille dans le domaine du cinéma et qui a amassé des banques de sons incroyables…" Et dites-nous, Akufen, déjà presque cinq ans nous séparent du chef-d’oeuvre My Way, que pouvons-nous espérer de vous prochainement? "Cela fait cinq ans que l’on reporte la parution d’un prochain album, les gens n’y croient plus, ils me disent d’arrêter de crier au loup… Mais je pense que le printemps 2009 serait le moment parfait."

Invité à tourner les disques dans les discothèques huppées d’Europe, comme le Fabric de Londres, Akufen raconte les dernières années de sa vie, pure folie selon lui: "Juste durant les cinq derniers mois par exemple, j’étais en tournée cinq jours par semaine, je partais le jeudi pour revenir le mardi, un truc vraiment bon pour le portefeuille, mais très difficile pour l’âme." Quant à la probabilité d’une collabo sur le prochain de Champion, un ami de longue date qui repousse aussi la parution d’une suite, elle semble nulle, Akufen préférant éviter l’ingérence tout en demeurant dispo pour consultation.

À quoi devra-t-on s’attendre d’Akufen samedi prochain au Cercle? "Je ne prépare jamais mes sets, tout dépend de l’endroit, de l’allure des gens, de la température du lieu… Par contre, je peux te dire que je travaille toujours avec les vinyles, que je mixe en alternance avec des trucs sur mon ordi…" Cela dit, il avoue n’avoir jamais acheté de MP3 sur la Toile, ni même de CD chez un disquaire. Son allégeance au disque noir de 12 pouces demeure donc immuable, malgré certaines réserves quant à la dimension écologique du pressage à partir de pétrole. Et la santé dans tout cela? Car, faut-il le rappeler, la vie d’artiste est souvent parsemée de tentations et autres facteurs destructeurs… "Ironiquement, depuis deux ans, j’ai commencé à ressentir un acouphène d’une façon permanente, alors qu’avant je ne percevais rien de ce genre dans mes oreilles. On dit qu’une part de l’acouphène est psychologique, mais je n’en sais rien, je sais seulement que je suis capable de régler le volume du bruit sur commande, ce qui me permet de l’oublier…"

Le 26 avril à 22h
Au Cercle
Voir calendrier Electronica

À écouter si vous aimez /
Plastikman, Ricardo Villalobos, Ellen Allien, Stephen Beaupré