Jérôme Minière : Enfant de coeur
Discussion avec Jérôme Minière, champion en économie de mots.
Dans les mois qui viennent, il sera difficile de vendre un barbecue au chanteur Jérôme Minière: ses engagements de la période estivale ne lui laisseront guère le temps de s’en servir. Laissons monsieur Minière nous donner un aperçu de son agenda à venir: "À la fin mai, je joue en France. En fait, c’est une sorte de mini-festival qu’a organisé Lhasa de Sela. Il y aura Patrick Watson, Ghislain Poirier et Bia, je crois. Aussi, Coeurs va sortir en Allemagne en juin. Après ça, je sais que je vais jouer par rapport au 400e à Québec. Je ne pense pas que ce sera un été à se la couler douce, mais si c’est le cas, je ferai d’autres choses."
Bien qu’il ait quitté sa France natale depuis maintenant 13 ans pour prendre pays au Québec, on est en droit de se demander si le fait de retourner en sol européen ne lui donne pas certaines tentations. Sans même hésiter, Minière y va de son explication: "Disons que oui, je ressens une certaine nostalgie, mais m’y réinstaller, c’est un petit peu compliqué maintenant. Je suis installé ici et j’ai deux enfants."
Minière publiait en septembre 2007 son tout dernier album, simplement intitulé Coeurs. Qualifié par certains d’artiste "folktronica", Minière propose des compositions qui sont effectivement un alliage efficace de bidouillages électroniques et d’instruments acoustiques. Le passage de ces créations sur scène peut-il se faire sans sombrer dans une folie schizoïde? Comme Minière semble être d’une tranquillité d’esprit immuable, il nous fait part de son secret: "Au départ, la plupart des chansons ont été écrites soit au piano ou à la guitare, donc ce n’est pas si dur à adapter. J’ai des albums beaucoup plus difficiles à transposer sur scène que celui-là. Par contre, c’est sûr que je ne peux pas mettre toute l’orchestration parce que là, y’a beaucoup de choses. C’est presque impossible de tout mettre. Il me faudrait un orchestre à cordes et des brass."
"En fait, j’ai présenté plusieurs shows avec mon groupe à quatre. Et puis sinon, cet hiver, j’ai fait quelques explorations plus en solo ou en duo avec un vidéaste (lire encadré). En tout cas, j’ai fait différentes variantes, mais là, ce qu’on va présenter, c’est vraiment le show à quatre, un spectacle de groupe. On présente les chansons de manière un peu plus rock. Comme un groupe un peu plus normal. Guitare, batterie, pianos et quand même quelques séquences."
En plus de tous ses concerts à venir, Minière trouve le temps de travailler sur de nouveaux trucs. Comme plusieurs l’ont connu avec sa saga Herri Kopter, bien des admirateurs se questionnent quant à la possibilité qu’un prochain volet voit le jour. Ici, aucun scoop en vue, mais il y a bien plus qu’une lueur d’espoir pour les amateurs d’albums concepts: "Je laisse toujours une porte ouverte à un nouveau Herri Kopter. Là, je te dirais que je travaille aussi bien sur une suite de Jérôme Minière que d’Herri Kopter, mais je ne sais pas encore lequel avancera le plus. Aussi, dans le cas d’Herri Kopter, il me faut un concept qui m’intéresse vraiment; je ne voudrais pas refaire deux fois la même chose. Comme le précédent était un concept plutôt évolué, je veux bien prendre le temps de trouver autre chose."
Enfin, il faut savoir que Minière a eu la chance de réaliser le dernier album du légendaire Michel Faubert et que l’expérience fut très bien accueillie. Serait-il possible de le voir de nouveau dans ce rôle? Tout porte à croire qu’il ne s’agit que d’une question de demande, car pour ce qui est de l’offre, Minière fait bien son boulot. "Je n’ai pas eu d’autres occasions pour l’instant, mais oui, ça pourrait arriver et je suis assez ouvert à ça. C’est intéressant de partir de son univers personnel pour se rendre dans celui de quelqu’un d’autre." (J.M.)
Le 2 mai
Au National
À écouter si vous aimez /
Philippe Katerine, Didier Boutin, Fred Poulet
PLAYBACK AUTO PLAYBACK
Auto Playback fut un concept, un laboratoire ou même un work in progress qui a réuni Jérôme Minière et Dan Popa pendant une semaine en résidence à l’Usine C à la fin du mois de février dernier. Trois spectacles-laboratoires de 30 minutes ont ensuite été présentés sur place. Lors de ces rencontres, les deux artistes ont jonglé avec plusieurs concepts: comment adapter pour la scène, de façon juste et ludique, des arrangements électroniques séquencés ou des pistes pré-enregistrées? Comment confronter une chose déjà écrite et une chose en train de s’écrire au présent? En jouant avec le ridicule du playback et entre l’instantané et le préconçu, en montrant ce qui n’est pas montré d’habitude, les deux artistes ont posé des hypothèses à partir de plusieurs chansons de Jérôme Minière. Quelques moments forts de ce travail seront donc intégrés au concert de Jérôme Minière au National. (P.B.)