Reverend Horton Heat : Alléluia!
Musique

Reverend Horton Heat : Alléluia!

Reverend Horton Heat continue d’écrire sa légende et communique sa "bonne" parole aux quatre coins de l’Amérique.

La voix colle au personnage. On croirait entendre John Wayne ou encore Johnny Cash. Une voix caverneuse et chaleureuse avec un rire dont seul un Texan connaît le secret. Nous oublions très vite tous ces préjugés sur le territoire du Lone Star, et constatons à quel point la plupart des Texans ont cette propension naturelle à endosser le rôle du grand frère toujours plus cool que tous les autres.

Après les formalités d’usage, Jim Heath nous fait le récit de sa nouvelle tournée, entamée à Chicago la veille de cet entretien. Une tournée qui s’est fait attendre, après une pause de trois mois pour son groupe Reverend Horton Heat. "Ce fut une période qui a jumelé la musique aux vacances, explique-t-il. Mais, il y avait d’autres choses. Maintenant que nous sommes devenus un groupe très important…" Le rire éclate et révèle l’enfant terrible du rock’n’roll aux cheveux gominés. "Sérieusement, toute la paperasse qui entoure le groupe a de quoi me rendre cinglé… Le genre de trucs dont je n’aurais jamais pensé m’occuper auparavant! Ce fut la plus longue pause dans l’histoire du groupe. L’idéal serait d’être moins longtemps sur la route avec quelques moments d’arrêt au travers. J’ai toujours peur d’être rouillé lorsque je me retrouve éloigné de la scène aussi longtemps."

En compagnie de son fidèle contrebassiste Jimbo Wallace et de Paul Simmons à la batterie, "The Rev" se renouvelle tout de même avec constance. Les nouvelles compositions s’additionnent, mais elles sont laissées de côté pour l’instant en faveur d’une thématique qu’ils affectionnent et qui revisite plus de 60 années de musique. C’est ainsi que des vieux standards blues des années 40 fréquentent Get Rhythm de Johnny Cash et même Nirvana.

Ce condensé, sauce rockabilly, semble plaire au vétéran qui assume sans complexe ce côté rétro qui lui colle à la peau. "Ce que je remarque après toutes ces années, c’est que même si j’achetais un nouveau t-shirt à la mode, juste de le porter amènerait les gens à me demander: "Wow! C’est un t-shirt vintage?!" Il y a un cadre qui s’est imposé avec le temps, et c’est impossible d’en sortir. C’est en 1974 que j’ai commencé à m’intéresser à la musique des années 50 et au rockabilly. Si tu prends la peine d’y penser, 1959, c’est seulement 15 ans plus tôt. Les choses passent si vite aujourd’hui, et les gens ne s’en rendent même pas compte. Et maintenant, Reverend Horton Heat existe depuis 22 ans… Ça, par contre, je ne l’aurais jamais cru."

Toujours fidèle à Dallas, le virtuose de la Gretsch rejette la nostalgie, mais cultive tout de même un peu d’amertume en face d’une ville qui l’a vu naître musicalement. "Dallas a tellement changé, c’est devenu énorme! Cette ville était culturellement très dynamique. Deep Ellum était un quartier fantastique. C’était la renaissance de la musique à l’époque et je l’ai vécue! C’était un quartier historique fondé par le blues et le jazz dans les années 20 et 30. Il y a deux semaines nous y sommes retournés pour y jouer en souvenir du bon temps… C’est complètement mort! C’était un endroit où la musique pouvait évoluer, avec des salles superbes, où les légendes se succédaient à tour de rôle. Et maintenant… C’est n’importe quoi! Comme si tu te retrouvais dans un Irish pub et qu’on y jouait du disco! C’est vraiment triste."

Le 3 mai
Aux Saints avec Nashville Pussy et Grady

À écouter si vous aimez /
Carl Perkins, Gene Vincent, les Ramones