Alfa Rococo : Les jours de soleil
Musique

Alfa Rococo : Les jours de soleil

Alfa Rococo, avec ses rythmes groovy, amènera assurément le soleil à Trois-Rivières lors de son passage à la Maison de la culture.

Jouée en boucle sur les radios commerciales l’été dernier, la chanson Les Jours de pluie a révélé au public Alfa Rococo, formation à la pop groovy. Puis, Lever l’ancre, pièce tirée de l’album du même nom, a littéralement mis le vent dans les voiles du duo composé de Justine Laberge et David Bussières (le frère de la comédienne Pascale Bussières).

C’est que le tube a accompagné pendant un temps une pub de l’entreprise en télécommunications TELUS. L’impact a été inespéré. "La façon dont on nous a proposé le truc, c’est que la compagnie a un nouveau mandat: faire la promotion des bands émergents, raconte la part féminine du groupe. Mais on ne pensait pas que ça prendrait de telles proportions. On s’en est fait beaucoup parler et ça a aidé à faire connaître notre musique!" Son complice ajoute avec un air malicieux: "On a constaté le pouvoir de la télévision!"

ENVIRO PACK

Des rythmes sucrés et accrocheurs saupoudrent Lever l’ancre, disque composé en Espagne (David y accompagnait alors le Cirque du Soleil comme musicien). Les textes, quant à eux, sont d’un tout autre registre. Ils parlent de fin du monde, de paradis artificiels, "des gens qui se tuent pour un instant de gloire". Bref, ils glissent davantage vers la pluie que le beau temps. Pourquoi? Est-ce le reflet de leurs personnalités distinctes – en entrevue, les artistes ont maintes fois affirmé que David était la part alpha du band, et Justine, la rococo? "C’est une espèce de hasard que l’on a adopté. Ce n’est pas parce que tu as des textes profonds que tu es obligé de rentrer dans de la musique dramatique. Et moi, ça m’emmerderait un peu de faire de la musique comme ça. Nous, on aime faire de la musique et des shows qui groovent. Sauf que ça ne nous tente pas de chanter: "Hé, baby! Dansons dans la nuit." On veut chanter des affaires qu’on assume et dire quelque chose de le fun", commente David Bussières.

Malgré tout, on les sent un peu pessimistes par rapport à l’avenir. "Je pense que nous, on est positifs, continue-t-il. Mais ce qui nous désole, c’est qu’il y a des gens qui ne se rendent pas compte de ce qui se passe." La pièce Horribles Gens résume bien cette pensée. "Quand tu passes quatre ans de ta vie à faire un disque et que tu n’as pas le même horaire que quiconque autour de toi ni leur portefeuille, que tu travailles sans vraiment avoir de revenus, tu as une autre façon de voir les choses, renchérit Justine Laberge. Et la société de consommation, ça vient que ça te lève un peu le coeur! Comme nous, on est venus ici [à Trois-Rivières] en Communauto. On n’a pas d’auto. Tout l’été, on se promène à vélo. On fait super attention. Alors quand je vois du monde assis dans leur char en train d’attendre quelqu’un le moteur en fonction… Mais on ne fait pas des Laure Waridel de nous-mêmes!"

PRENDRE LE TRAIN…

Depuis le lancement de Lever l’ancre au printemps dernier, Alfa Rococo (qui a été fondé en 2004) ne recueille que des bons commentaires. Entre autres, il a été en nomination pour le Prix Félix-Leclerc de la chanson 2007, pour le meilleur album indie-pop au GAMIQ et pour la chanson de l’année à l’ADISQ. Et c’est sans parler du fait qu’il a été consacré Sacré Talent en avril dernier par Espace Musique. Le duo trouve-t-il parfois que tout déboule rapidement? "Ça a été vite! s’exclame Justine. Mais je trouve que ça a quand même un rythme sain. Parce que moi, je n’avais jamais fait ça [de la musique de façon professionnelle] dans la vie avant. On a sorti l’album, ça a joué à la radio, mais ça n’a pas changé notre vie. Quand on sort de chez nous, il n’y a personne qui nous reconnaît. Ça reste pareil. L’année avant la sortie de l’album, on travaillait à temps plein là-dessus. On travaille encore à temps plein, c’est juste que là le monde sait qu’on a un album. Et le regard des autres sur ce qu’on fait a changé."

"David, il dit souvent que quand tu es dans un train et qu’il va vite, tu ne t’en rends pas trop compte, contrairement à lorsque tu es en dehors. Le monde nous dit souvent que ça va vite nos affaires et que ça marche bien. Mais on ne le réalise pas trop, car ça ne change pas tout notre mode de vie", soutient celle dont le calendrier affiche plusieurs cases occupées jusqu’en février 2009 (!).

Le 9 mai à 20 h
À la salle Anaïs-Allard-Rousseau

À écouter si vous aimez
DobaCaracol, Jean Leloup