Gonzales : L'inconfort et la différence
Musique

Gonzales : L’inconfort et la différence

Gonzales revient faire l’amour/haine au public. Entretien avec l’inimitable entertainer.

Il n’y a rien de rassurant à être fan de Gonzales. L’ancien Montréalais maintenant enraciné à Paris s’est d’abord autoproclamé "président de l’underground berlinois" pour ensuite réapparaître en chic pianiste en pantoufles. Malgré tout, les fans risquent d’être surpris à l’écoute de Soft Power, un album accessible et cheesy sur lequel Gonzo revient en crooner kitsch, laissant croire qu’il s’est rincé les oreilles avec les Bee Gees et Lionel Richie.

Si bien qu’on en vient à se demander s’il loge au premier niveau avec Feist et Birkin, au second avec Teki Latex ou alors au 8e palier aux côtés de Katerine – tous des artistes dont il a réalisé les albums. "Je suis incapable de faire de la musique autrement qu’au premier degré. Ceux qui voient des frontières entre bon et mauvais goût ont besoin de renouveler leur relation avec l’écoute, de comprendre que ça se passe avec les oreilles et non pas avec le cerveau. Tout ça, c’est de la musique et ça vise à susciter des émotions. Après, quand je joue avec l’image, j’avoue qu’un certain second degré entre en jeu. Mais ce rapport à la représentation est par définition superficiel."

Working Together, premier extrait du nouvel album qui paraîtra le 3 juin, est accompagné d’un hilarant vidéo dans lequel Gonzales personnifie un employé de bureau un peu nerd tentant de se frayer un chemin parmi les ego des autres. C’est ainsi que le spectacle que nous verrons a été conçu: "J’ai réuni des artistes solo, des personnages forts, des ego énormes, obligés de se piler dessus pour arriver à un résultat. C’est ça, le "soft power", une quête de pouvoir qui inclut les gens. Et un concept politique exposé par Joseph Nye, un mec qui a d’ailleurs inspiré à Barack Obama sa politique d’inclusion."

Gonzales partage la scène avec deux Montréalais surdoués, Socalled et Katie Moore, "qui sont un peu les Gonzo et Feist de l’époque", trouve-t-il, avec Mocky et Matthew Flowers, un nouveau venu qui lui a envoyé une version chantée de Solo Piano: "J’ai tellement aimé que je l’ai invité à faire des voix sur le disque puis à me suivre en tournée!"

Les fans de la première heure seront heureux d’apprendre que cette meute de jeunes premiers pigera dans tout le catalogue de Gonzales. Quant aux autres, ils sont sur le point de découvrir un entertainer d’exception – la seule chose qui n’ait pas changé depuis les débuts du personnage. Très intéressé par son public, il lui dédie même une chanson d’amour/haine: Unrequired Love. "J’ai cette obsession de plaire aux gens… Mais je ne suis pas qu’un clown. J’ai une arme: la musique, multipliée par la force du spectacle."

Le 8 mai
Au La Tulipe

À écouter si vous aimez /
Katerine, Feist, la pop cheesy des années 70

ooo

FLOP À L’ÉGLISE

On avait louangé Gonzo à la suite de ses performances au National et au Théâtre Maisonneuve. En octobre 2006, l’équipe du Pop Montréal lui a offert la possibilité de présenter un récital sur l’orgue majestueux de l’Église Saint-Jean-Baptiste, rue Rachel, lors duquel notre entertainer préféré s’est spectaculairement planté. Droit de réplique: "Je suis quelqu’un qui prend des risques et parfois je rate mon coup. C’est en me plantant de temps en temps que j’arrive à des trucs comme Solo Piano. Être fan de Gonzales implique le risque d’être déçu, c’est comme ça, mais je crois que ça vaut le coup. Je suis de retour avec le Together Ensemble et un spectacle rodé. J’espère que les gens en ressortiront en disant: "Le concert à l’orgue, c’était nul, mais là, c’est bien!""