Radio Radio : Rap ta Sagouine
Musique

Radio Radio : Rap ta Sagouine

Radio Radio prouve que l’Acadie peut sonner autrement. Oubliez les traditionnels violons, le groupe chante les Maritimes sur des airs électroniques.

"Fuck it! On fourre la Sagouine pis on pimp l’Acadie dans not’Jacuzzi."

Ces sages paroles sont celles du volubile Timo, mc au sein de la formation rap acadienne Radio Radio (prononcez en roulant les rrrrr). Sous contrat avec la maison de disques montréalaise Bonsound, le surprenant quatuor lance cette semaine son premier album: Cliché Hot.

Comme ses collègues Jacobus, Tekstyle et Lekx, Timo s’exprime en chiac, langage vernaculaire parlé par de jeunes générations au Nouveau-Brunswick. Si le mélange de français, de vieux français et d’anglais fait grincer les dents des puristes, il a permis à Radio Radio de se démarquer lors de ses concerts aux Francofolies et au Pop Montréal en 2007. Conférant un charme certain au combo, les sonorités chiac déstabilisent et rafraîchissent les oreilles, comme le joual a coloré l’oeuvre de Tremblay. "Le chiac, c’est le missing link dans un pays bilingue", observe le rappeur.

Plus connu au Québec que dans sa ville natale, Moncton, le groupe né des cendres de Jacobus et Maleco surfe sur la vague électro champ gauche qui profite déjà à Omnikrom, TTC ou Ghislain Poirier. Différence majeure, Radio Radio se sert du courant depuis un an pour promouvoir la culture acadienne, sans même utiliser de violon. "Trente ans passés, les vieux regardaient les jeunes de 1755 (l’une des premières formations rock acadiennes) et leur disaient: "C’est pas de la musique, de la guitare électrique. Va te chercher un violon!" Aujourd’hui, le groupe est pourtant considéré comme traditionnel acadien. Nous autres, on vit la même chose avec nos tables tournantes. Les gens nous demandent: "où sont vos guitares?""

"Mais on fait du rap parce que l’Acadie en a besoin, poursuit-il. Lorsque je grandissais, même si j’écoutais Young MC en trippant ben raide, je me disais que je ne pouvais pas faire de hip-hop. Parce que je suis blanc, acadien, francophone pis que je reste dans le bois, dans ma tête, les chances que je fasse du hip-hop n’étaient pas grosses. Mais la musique évolue. Aujourd’hui, quatre Acadiens peuvent être super fresh à Montréal en jouant de l’électro. Ça ne dérange pas, où-ce tu viens de."

En enregistrant Cliché Hot dans une forêt de la Nouvelle-Écosse en septembre dernier, Radio Radio s’est donc fixé un objectif clair: devenir populaire à l’extérieur de l’Acadie pour ensuite conquérir sa propre région. Témoins de la vie dans les Maritimes et enclins à l’exagération, les textes de la formation s’adressent à la jeunesse esclave de la hype et des images bourrées de clichés. Mais Radio Radio n’est-il pas lui-même porté par cette hype? "Du moment que t’as la hype, tu vires dans les clichés, répond Jacobus. C’est pour ça qu’en tournée, on ne va même pas jouer les chansons qui sont sur le disque. On va chanter les textes sur de nouvelles beat. On se réinvente pour que la hype soit toujours en arrière de nous autres. Les clichés en arrière, nous autres en avant."

Le 3 mai à 22h
À l’Embuscade
Voir calendrier Hip-Hop / Funk

À écouter si vous aimez /
Beastie Boys, Omnikrom, TTC