The Constantines : Enracinés sur la route
Musique

The Constantines : Enracinés sur la route

The Constantines puisent dans leur environnement l’essence de leur pensée et la traduisent en sons bruts. Kensington Heights enracine un peu plus le groupe dans le grand livre du rock canadien.

Kensington Heights, quatrième effort des Constantines, est dédié à la mémoire de Gar Gillies, bidouilleur winnipegois dont les amplis ont marqué la couleur et le grain du son rock canadien. La disto du riff d’intro d’American Woman des Guess Who, c’est du Garnet, les amplis confectionnés par le vieux Gillies. "Ces amplis ne sont pas rares, mais on les trouve aux bons endroits; les Sadies et les Weakerthans les utilisent. Nous voulions saluer l’apport de Gillies", fait remarquer le guitariste Steve Lambke, laconique.

Pilier du rock torontois, le groupe s’est "montréalisé" depuis peu, Lambke y ayant rejoint son chanteur Bry Webb récemment: "Nous sommes toujours un band de Toronto, c’est notre maison. J’aime bien Montréal, mais j’ai surtout hâte de la connaître l’été. Je suis plutôt un observateur extérieur pour l’instant. En fait, je suis toujours sur la route", observe-t-il.

Lorsque le rockeur se déguise en garagiste pour excuser son approche maladroitement viscérale, le rock peut atteindre un état suprême, "springsteenéen". Avec le temps passé sur la route et leur approche DIY, on peut facilement imaginer les gars des Constantines devant un moteur, les mains pleines d’huile. Cette route interminable, ils la connaissent bien et arrivent même à la rendre en mots et en sons. "Avec le temps, on reconnaît les visages, ceux de l’industrie et les fans. C’est bien de pouvoir développer des relations avec des gens un peu partout. Mais maintenant, on essaie de rester raisonnables, car c’est épuisant et ça devient difficile de garder le focus en étant constamment en mouvement." Témoignage d’une réalité propre, qui préfère Toronto à NYC, Arts & Crafts à EMI, Neil Young à Kiss, les Constantines proposent une approche honnête et nullement racoleuse. Ce choix ne se traduit pas en conservatisme, au contraire. "On aime jouer dans toutes sortes de salles, partout, tout le temps, varier le degré de confort", précise Lambke. Le dernier passage du groupe à Ottawa avait justement lieu à la Place Banque Scotia, en ouverture des Tragically Hip.

Le simple Islands in the Stream, que les Constantines a enregistré avec Feist, démontre également la flexibilité du groupe. Le mariage de la douceur vocale de Feist et de l’acuité musicale de la formation sur ce succès pop de 1983 (originalement, le duo réunissait Dolly Parton et Kenny Rogers) illustre sa maturité. "Tender love is blind, it requires a dedication" n’a jamais sonné aussi juste. L’apport de Jenn Castle sur l’album donne aussi au groupe une couleur plus claire; sa présence au Capital Music Hall s’avère d’ailleurs une très bonne nouvelle.

Leur maison, vous pourrez la voir de vos yeux en jouant un peu avec le boîtier du CD, dont le graphisme a été réalisé par le bassiste Dallas Werhle. Cette coïncidence illustre encore l’importance de l’environnement sur le groupe. Drôle de mission que de courir les routes pour chanter ce qui se passe à la maison, mais le pari semble tenir, quatre albums plus tard. Comme on dit à Toronto: "Home is a state of mind."

Le 2 mai à 20h avec Attack in Black et Jennifer Castle
Au Capital Music Hall
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Kensington Heights
The Constantines
(Arts & Crafts)

À écouter si vous aimez / Fugazi, Galaxie 500 (celui d’Olivier Langevin), Bruce Springsteen