El Perro Del Mar : Bonsoir tristesse
Musique

El Perro Del Mar : Bonsoir tristesse

Comme on chasse un oiseau hors de la maison, El Perro Del Mar a donné congé à la mélancolie. Ou presque.

Sarah Assbring est un drôle de petit oiseau-mouche. D’abord la Suédoise porte un nom impossible en espagnol: El Perro Del Mar ou "le chien de la mer" en français. Dans une tonalité folk mélancolique beaucoup plus vaporeuse qu’écrasante, elle révèle ses chansons flottantes comme une poignée de pierres précieuses cachées au creux de sa paume: rubis, grenats, perles et quelques diamants noirs. Noirs parce que chez El Perro Del Mar, grâce rime toujours avec gravité.

Elle lançait il y a deux semaines From the Valley To the Stars, un second album étonnamment moins cafardeux que le premier. "Pourtant, je l’ai écrit au moment où je perdais quelqu’un que j’aimais. J’ai découvert qu’avec ce sentiment naissent des pensées d’espoir et de gratitude; on se dit qu’on a quand même eu la chance de connaître cette personne. Puis on finit par être reconnaissant du simple fait d’être en vie", confie-t-elle au cellulaire tout en déambulant dans Gothenberg, sa ville natale.

Ceux qui étaient tombés sous le charme du premier album feront ce constat: le résultat est encore doux-amer, mais les quantités de la recette ont été inversées. Cette fois, il y a plus de douceur que d’amertume. Le piano pimpant et la flûte à bec côtoient l’austérité de l’orgue; un équilibre inhabituel naît de cet opus qui nous plonge dans l’état de calme intérieur où l’on se trouve au sortir d’une église ou d’un rêve où l’on volait.

Tout ça a peut-être à voir avec le songwriting de la demoiselle. Elle a cette façon bien à elle de tenir ses phrases comme un mantra. "La répétition, c’est dans le vieux blues que je l’ai acquise. Des gens comme John Lee Hooker et Muddy Waters ont influencé ma façon d’écrire. J’ai toujours été fascinée par leur aptitude à demeurer dans la simplicité malgré la dimension narrative inhérente au genre."

Une vague impression d’étrangeté naît aussi du fait que le ton sur lequel elle déclame ne correspond pas toujours à ce qui est dit. Glory To the World n’a jamais été aussi bouleversante; la réjouissance reste en périphérie.

On trouve quelques indices de la musique d’El Perro Del Mar dans l’image pastorale qui coiffe la pochette: "La petite paysanne visitée par un ange représente pour moi la tradition folk côte à côte avec la musique d’église. Ce dessin colle parfaitement à la manière dont j’ai conçu l’album."

Le premier album complet de Sarah Assbring était une réunion des moments marquants de ses EP. Cette fois, elle s’y est prise autrement: "C’était important pour moi d’arriver avec quelque chose de plus conceptuel. J’ai mené pas mal de recherches, lu et rassemblé des informations inspirantes… Si bien que lorsque je suis entrée en studio, je savais très bien avec quoi j’allais commencer l’album et ce qui en constituerait le chapitre final. C’était comme écrire un roman."

Le 10 mai
Au Club Lambi avec Lykke Li et Anna Ternheim
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