La Ligue du bonheur : Le temps des sucres
La Ligue du bonheur profite de cette période où les érables coulent pour enfiler les bottes de caoutchouc et prolonger le temps des sucres avec son premier album, Que du bonheur… pur.
Avant même de sortir son premier album, La Ligue du bonheur a fait le tour de l’Ontario, se forgeant une pluridisciplinarité propre qui mêle la musique traditionnelle, la danse folklorique et le conte. Née d’une rencontre entre deux ex-membres de Deux Saisons – l’accordéoniste Jean-Marc Lalonde ainsi que le contrebassiste Martin Newman – et le chanteur, câleur et conteur avéré Louis Racine, La Ligue compte aussi les joueurs étoiles Jason Hutt (violon, piano, voix) et Simon Mercier (guitare, tiple colombien, voix).
Les compagnons, qui se sont connus pour la plupart en travaillant comme musiciens à bord du train à vapeur de Wakefield il y a de cela une décennie, se sont retrouvés en 2006 alors que Jean-Marc organisait une soirée traditionnelle canadienne dans le cadre du festival Quand ça nous chante. Il invite alors ses vieux potes et fait appel à Simon Racine pour animer les sets carrés. "La scène me manquait", atteste-t-il.
Le band venait à peine de se former après cette bienheureuse (ré)union que le téléphone de Jean-Marc a sonné: une réalisatrice montréalaise cherchait un groupe folklorique franco-ontarien pour compléter la liste d’invités d’un spectacle du jour de l’An à Montréal. "On avait juste quatre chansons de prêtes, et il fallait monter un show d’une heure!" s’exclame Jean-Marc. "Si ça avait été chez Ti-Clin Lamothe au coin de la rue, pas de trouble, mais là, c’était au Métropolis de Montréal, c’était TV5, c’était avec Les Batinses, La Bottine Souriante et compagnie. Tout d’un coup, on est devenus blancs, on a ressenti une pression qui est demeurée depuis", sourit Simon.
"On avait vraiment commencé ça comme notre ligue de bowling… à temps partiel. Aucun plan d’album n’occupait nos pensées, c’est venu par en arrière parce qu’on nous le demandait!" explique Jean-Marc, attablé avec Simon chez Lucien, ce resto-bar pour lequel il a écrit une chanson sur l’album Que du bonheur qui sera lancé ici même une semaine plus tard. "On a tous des horaires chargés, renchérit Simon. Moi, je suis à l’université, Louis a 200 vaches! On a tous nos vies, mais La Ligue a vraiment fait sa place."
À coups de répétitions de trois à quatre fois par semaine – "j’ai presque oublié le nom de ma blonde pendant ce mois-là!", rigole Simon -, ils ont finalement clos le show de l’an 2006. Un mois plus tard, ils ont été choisis Coup de coeur à Contact ontarois (Réseau Ontario) et ont entamé une tournée d’une cinquantaine de spectacles en Ontario, comprenant un arrêt à la 35e Nuit sur l’étang de Sudbury. Ils ont aussi passé une partie de la période estivale à L’Écho d’un peuple, rendez-vous qu’ils remettent cet été.
LA CHAMBRE DU BONHEUR
Comme quoi la terre de l’Ontario français avait soif de folklore bien de chez elle. "Comme dit Jean-Marc, c’est un peu comme si on avait repris là où Deux Saisons avait laissé, alloue Simon. Les gens se sont ennuyés de ce type de shows-là. On est plus folkloriques, mais le type d’animation, de chaleur, le fait qu’on reste après les shows, c’est la dynamique Deux Saisons."
Le nom tire son origine de La Grande Virée, une tournée à l’occasion du 400e de l’Acadie à laquelle Deux Saisons prenait part. "On était plusieurs à voyager de villes en villages, et le premier arrivé devait préparer la "chambre du bonheur", l’endroit où la soirée se terminait après les spectacles avec la nourriture, le vin, la bière. La chambre de fête, quoi. Deux Saisons, on se faisait souvent appeler le "groupe du bonheur"", raconte son ex-leader.
Ce sobriquet leur a collé à la peau, si bien que La Ligue du bonheur signe en quelque sorte un manifeste avec son nom: celui d’être heureux en tout temps… ou en spectacle du moins! "Ce qu’on souhaite, c’est qu’après un show de La Ligue, la foule soit aussi fatiguée que nous. On ne les laisse pas tranquilles une seconde, affirme Simon. C’est encore une fois une très forte influence du train de Wakefield, où on devait entrer dans la bulle de touristes étrangers. On est donc très offensifs sur scène."
LOUIS, L’ENCYCLOPEDIE JOYEUSE!
Qu’on se le tienne pour dit, réduire La Ligue à une simple formation musicale serait erroné. Proposant des formats variés de spectacles, la recette de La Ligue comprend trois ingrédients: le chant, la danse et le conte. Ces deux derniers éléments trouvent un instrument essentiel en la personne du "cultivateur-chanteur" Louis Racine. Mis à part les pièces originales Chez Lucien et Tiguidou-lay-lay, tous les titres de l’album sont issus du répertoire personnel de Louis et de son Casselman, où il a remonté les générations de sa famille Charrette pour immortaliser contes et chansons. Celui qui avait lancé l’album Les Navo en 2003 connaît par ailleurs un franc succès dans la région de Lanaudière grâce à sa participation au festival Mémoires et Racines de Joliette. "Tout le monde se taisait lorsque je me mettais à chanter mes chansons, se souvient Louis. J’ai vite constaté que j’avais un répertoire inconnu de tous."
Et attachez bien votre tuque parce que des chansons traditionnelles issues de l’Est ontarien, Louis en détient un florilège! "J’en ai au moins 200 à apprendre encore avant de me dire que je peux m’arrêter un peu", estime-t-il. Ce qui n’est pas sans réjouir ses compagnons de La Ligue qui, lors des longues heures sur la route, ferment la radio pour écouter "Louis, l’encyclopédie". "Quand il est fatigué, il se met à délirer comme ça, c’est sa façon de se tenir éveillé, relate Simon. Nous autres, on essaie de prendre des notes!" Cela permet aussi au chanteur de faire connaître à ses compagnons le large répertoire qu’il a en mémoire. "Une fois que c’est marqué dans ma tête, les chansons ou les contes, c’est impossible de les enlever!" affirme-t-il.
La Ligue vous convie donc à ses soirées "canayennes" à longueur d’année, pour prolonger la saison des sucres ad vitam aeternam puisque… sirop que c’est bon! Pour vous joindre à La Ligue, visitez le www.laliguedubonheur.com.
[Lancement de l’album]
Le 13 mai à 17h
Chez Lucien
Voir calendrier Musique traditionnelle
Le 23 mai à 19h
À la Quatrième Salle du CNA
À écouter si vous aimez / Mes Aïeux, Le Vent du Nord, Genticorum