Teitur : Au coeur de soi
Musique

Teitur : Au coeur de soi

Teitur monte sur la scène pour défendre son nouvel album, réalisé avec la sagesse de l’indépendance.

"I sing about my loneliness, in return they thank me for it. I’d never meant to be a singer, but I’m slowly getting used to the idea."

Ces quelques lignes extraites de la chanson The Singer, chantées par Teitur Lassen en ouverture d’album, témoignent d’un brin d’ironie mélangé à une lucidité toute particulière. L’auteur serait-il en train de prendre conscience de son rôle ou est-il lassé par cette routine? Pour lui, c’est encore plus simple. Au lieu de se retrouver en crise existentielle, l’artiste pare le coup en élucidant les motivations qui l’habitent depuis le début de sa carrière.

"J’ai réalisé que je montais sur la scène pour chanter mes chansons depuis l’âge de 16 ans, indique-t-il. C’est ce que je fais dans la vie depuis. Écrire cette chanson, c’était pour moi une façon de lâcher du lest et d’éviter les conséquences parfois négatives que peut amener une telle réflexion. Tu sais? To just let go. J’ai pensé que c’était un exercice plutôt intéressant de m’introduire de la sorte sur cet album. Dans le fond, pourquoi ne pas chanter sur quelque chose que je connais?"

Sur son dernier disque, qui porte le titre de cette chanson, l’auteur des îles Féroé, à proximité du Danemark, s’expose avec cette confiance paisible qui s’accorde à sa voix. Depuis l’album Poetry & Aeroplanes, les événements se sont bousculés pour Teitur, qui est passé dans les rangs de la multinationale Universal Music avant de fonder sa propre compagnie, Arlo and Betty. "Les choses se sont passées très vite après le premier album. Je ne pouvais pas imaginer un tel dénouement à l’époque. Tout ce que je pouvais réaliser, c’était que je venais de faire paraître un disque et que je devais voyager. Je ne regrette rien de cette aventure, c’était un début."

Une décision fondamentale pour l’artiste qui l’amène maintenant à observer le déroulement de sa carrière avec plus de maturité. "Je pense que c’était une nécessité, précise-t-il. C’est important d’être mis au fait de l’évolution de son travail et de collaborer avec des gens qui vous connaissent. C’est cette dimension qui est vraiment gratifiante et qui fait toute la différence. C’est avec le temps qu’on se rend compte de ses priorités. Si une certaine dynamique ne convient plus – celle où sortir un disque devient une loterie, par exemple -, on doit faire un geste conséquent."

Profitant de cette indépendance, le musicien a transposé son registre acoustico-folk dans un univers minimaliste où l’instrumentation s’est diversifiée. Entre les cordes et les cuivres, le marimba s’intègre avec subtilité dans une suite de chansons qui ne perdent rien de leur caractère introspectif, tout en étant plongées dans un contexte sonore théâtral. "C’est un exercice assez simple. Je me considère à la base comme un auteur qui utilise certains accords pour s’accompagner. Lorsque cette condition est remplie, l’histoire elle-même guide une certaine couleur qui se précise avec des arrangements et une instrumentation. J’accorde aussi beaucoup d’importance à l’aspect narratif d’une chanson. On se doit de respecter une histoire et de souligner son caractère."

Le 10 mai à 22h
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