Véronique Lacroix : Questionnement collectif
Musique

Véronique Lacroix : Questionnement collectif

Véronique Lacroix et l’ECM posent des questions. Ça donne quatre créations présentées dans le cadre du concert final de la saison de l’ensemble.

Pas étonnant que Véronique Lacroix ait reçu le prix Opus de la directrice artistique de l’année au dernier gala du Conseil québécois de la musique. "C’était une belle surprise, commente-t-elle, parce que ça récompensait aussi la saison des 20 ans de l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM), et ça fait chaud au coeur!" La directrice artistique et chef de l’ECM aime la création et la fusion des arts. La danse, la vidéo et la poésie se conjuguaient avec les Suites cruelles d’Ana Sokolovic en janvier, alors que l’ECM collaborait avec la compagnie Cas public, et c’est le cinéma qui était à l’honneur dans Musique! On tourne, présenté dans le cadre du FIFA en mars; chaque fois, comme toujours, la création musicale était aussi de la partie. Comme le public.

Cette fois-ci, pour le concert thématique annuel de son ensemble, pour lequel ce dernier passe chaque année quatre commandes, c’est la peinture qui a fourni l’inspiration, et on y entendra cette année les musiques de quatre compositrices. "Le fait que ce soit quatre femmes est arrivé un peu par hasard, explique Véronique Lacroix; il y en avait déjà trois avec qui je comptais travailler, et puis je me suis demandé combien de fois j’avais pu faire des programmes avec quatre compositeurs… Pourquoi, cette fois-là, ce ne serait pas quatre compositrices? Il y a eu des craintes que notre intention soit perçue comme étant celle de vouloir faire un "programme féministe", mais je me suis dit que ça ne pouvait pas être une assez bonne raison pour ne pas le faire!"

Véronique Lacroix a comme constante de développer des relations à long terme avec les compositeurs qu’elle apprécie, comme c’est le cas pour Danielle P. Roger, Analia Llugdar et Luna Wolf, qui en sont toutes à une deuxième collaboration avec l’Ensemble, tandis que c’est une première en ce qui concerne Melissa Hui. La cinquième roue du carrosse, cependant, est un homme: il s’agit de Charles Ives. "J’avais déjà décidé de programmer The Unanswered Question avant de rencontrer les quatre compositrices pour discuter du thème de ce concert, explique la directrice de l’ECM, et c’est au cours de nos réunions de travail qu’est arrivée l’idée de la toile de Paul Gauguin, qui nous fournissait trois questions sans réponses!" Ces questions que pose l’une des plus célèbres toiles de Gauguin, D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?, sont devenus trois titres d’oeuvres musicales. La quatrième allait presque de soi: Who Knows? "Je pense que c’est intéressant, et naturel, de répondre à ces questions par des oeuvres d’art."

Chaque compositrice pouvant choisir d’écrire une oeuvre avec soliste, trois d’entre elles ont choisi de le faire, et nous entendrons donc le violoniste Jonathan Crow (Wolf), la pianiste Jacynthe Riverin (Llugdar) et, aux dispositifs électroniques, Diane Labrosse et Michel F. Côté (Roger). Le côté visuel du concert, naturellement, sera particulièrement soigné. À voir, donc, mais aussi à entendre, et encore, à réfléchir!