Starmania : Le businessman à l'opéra
Musique

Starmania : Le businessman à l’opéra

Starmania devient opéra avec les chanteurs Marie-Josée Lord et Marc Hervieux. Une entreprise de taille qui marque un précédent.

Starmania ne cesse de se métamorphoser. À croire que l’oeuvre emblématique signée par Plamondon et Michel Berger a tous les ingrédients pour traverser le temps et les styles. Depuis sa conception en 1978, la comédie musicale a introduit maints interprètes et metteurs en scène au public, en plus de se transformer en version symphonique en 2004. Cette initiative, qui soulignait le 25e anniversaire de la création, a marqué le point de départ de cette nouvelle mouture opératique.

Le défi était de taille avec ce tour de chant immortalisé par des voix de chanteurs populaires et une musique qui emprunte plus au rock qu’à la musique symphonique. La table était mise pour le compositeur et chef d’orchestre Simon Leclerc, qui avait signé les arrangements symphoniques en 2004, afin qu’il trouve une formule qui permettrait de transposer les univers propres aux personnages du businessman et de la serveuse automate dans un cadre musical à grand déploiement et conforme à l’opéra.

D’entrée de jeu, Simon Leclerc nous précise la direction qu’il a suivie pour cette adaptation musicale de haute voltige. "C’est en discutant avec Luc Plamondon que j’ai pu lui montrer la pertinence d’une instrumentation conforme à l’opéra, dépourvue de toute rythmique. Mais c’est tout de même une instrumentation plus large que celle d’un opéra standard. Étant donné les personnalités surdimensionnées des personnages, je voulais une écriture imposante qui intègre plus de cuivres. Une sorte de soupe wagnérienne. À part dans les opéras de Richard Strauss, ce n’est pas très commun dans l’opéra classique."

Le parcours du chef d’orchestre et arrangeur est pour le moins éclectique. Il est en effet plutôt singulier de voir un compositeur qui fraie avec la musique contemporaine tout en signant des arrangements pour Gino Vannelli et Charles Aznavour. Le musicien de formation classique s’est même retrouvé à la barre de l’orchestre de la Paramount Pictures à Los Angeles pendant plus de cinq ans. "Je trouve qu’il y a un juste compromis entre la musique symphonique et le cinéma, constate-t-il. Maintenant, la plupart des trames sonores sont assumées par des orchestres de plus de 90 musiciens, avec des choeurs composés de 150 chanteurs. Avec Starmania, les moyens sont là pour atteindre ceux qui sont familiers avec ce type de musique à grand déploiement auquel les Indiana Jones et les Star Wars nous ont habitués. Il faut qu’on soit capables de jouer cette carte-là pour l’auditoire qui a des réserves par rapport à l’opéra."

Après plusieurs années marquées par la polyvalence, le compositeur semble avoir trouvé sa niche. S’il cogite encore l’idée de reprendre contact avec Los Angeles, c’est tout le contraire en ce qui concerne son travail d’arrangeur pour la musique populaire. "Un projet comme Starmania, on ne m’a proposé ça qu’une seule fois dans ma vie, souligne-t-il. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne pratique plus ce métier. La plupart du temps, c’est trop conforme, pas assez créatif, trop standard, trop prévisible. J’ai souvent été engagé pour écrire des sections de cordes, pour un ou une interprète – je vais m’abstenir de les nommer -, et le résultat était toujours le même. J’ai un exemple précis en tête, où la petite chose qui faisait une différence a été coupée au sécateur géant à la première lecture. C’était trop dangereux pour l’auditeur…"

Les 16, 17, 19, 20, 22, 24 et 26 mai, ainsi qu’en supplémentaires les 14, 15 et 16 juillet
Au Grand Théâtre
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À écouter si vous aimez /
Luc Plamondon, John Williams, Andrew Lloyd Webber