Alexandre Poulin : Conteur de chansons, chanteur d'histoires
Musique

Alexandre Poulin : Conteur de chansons, chanteur d’histoires

Des histoires chantées, voilà ce que propose le Sherbrookois Alexandre Poulin avec son premier album éponyme.

Il y a Mado qui avale sa pharmacie pour ne pas contredire les prévisions de sa voyante. Il y a la p’tite Rosalie qui donne son corps pour payer ses seringues. Il y a aussi Roméo et Ginette qui partagent une banale histoire d’amour. Puis il y a le pêcheur Fernand, plus riche qu’un millionnaire. Les personnages des chansons d’Alexandre Poulin sont parfois sombres, parfois ordinaires, mais ils sont surtout toujours attachants.

L’auteur-compositeur-interprète n’hésite d’ailleurs pas à se définir davantage comme un conteur qu’un chanteur, "un conteur de chansons et un chanteur d’histoires", comme il le dit si bien. "Je ne réinvente rien avec mes chansons. Je traite de sujets typiques tels l’amour et la souffrance, mais je le fais avec des personnages et des histoires. Mes chansons, c’est un peu comme des films de trois minutes. Chaque phrase est importante, et la dernière vient boucler la boucle. J’aime l’idée de ne pas pouvoir enlever de couplet sans défaire le fil de l’histoire", raconte-t-il.

Entre deux récits, pourtant, Alexandre Poulin nous livre des trucs un peu plus personnels, des rêves de ti-cul, des pensées égarées, des réflexions spontanées… On y retrouve même une prière et une version plus moderne de La Cigale et la Fourmi, preuve que l’artiste sherbrookois ne se confine dans aucun cadre rigide lorsque vient le temps de créer. "Je ne suis aucune recette ou canevas pour composer mes chansons. En fait, je suis un peu contre la structure habituelle de couplets-refrain. J’observe beaucoup ce qui se passe autour de moi, les gens que je rencontre, et je m’inspire de tout ce qui peut me toucher ou m’interpeller", explique le chansonnier.

Ses mélodies aussi laissent transparaître cette liberté qu’il s’accorde. Entre la ballade et la composition plus rythmée, l’auteur-compositeur-interprète nous invite à explorer différents univers musicaux, bercés par le son de sa guitare et de son harmonica.

UN ALBUM PLUS MÛR

Même s’il s’agit de son tout premier album solo, Alexandre Poulin vit de sa musique depuis maintenant 10 ans. Il a présenté un premier spectacle au Vieux Clocher de Sherbrooke en 1999, puis a offert des prestations hebdomadaires au Château Bromont tout le temps qu’ont duré ses études universitaires en enseignement du français et de l’histoire. En trois ans, il a réussi à vendre quelque 5000 exemplaires de son démo maison, et ce, sans aucune promotion, aucun réseau de distribution ni point de vente. Il s’est par la suite exilé au Costa Rica pour un voyage au bout de lui-même qui s’est avéré être une époque charnière dans sa vie et sa carrière. "Le p’tit gars que j’étais à l’époque est parti pour laisser place à l’homme que je suis aujourd’hui", confie-t-il avec le recul.

C’est avec ce même recul que le jeune homme de 30 ans affirme ne regretter aucunement d’avoir repoussé la sortie de son premier disque à trois reprises. "Cet album me ressemble davantage. Il est plus mûr, le gars aussi d’ailleurs, l’écriture des textes est moins acerbe, plus poussée. Je crois que si j’avais sorti un premier album plus jeune, il aurait été beaucoup plus introspectif, plus nombriliste."

Cette maturité se perçoit d’ailleurs très facilement dans les propos réfléchis de cet amoureux des mots et de la musique, passions qu’il réussit à transmettre aisément à son public. Laissez-vous charmer!

Alexandre Poulin
(Disques Victoire / DEP)