Caniche Hara-Kiri : Liberté créatrice
Caniche Hara-Kiri offrira le spectacle de clôture du Festival des musiques de création. Discussion autour d’un déjeuner végétarien avec deux membres de la formation.
C’est un fait indéniable, les concerts du groupe Caniche Hara-Kiri ne sont pas ce qu’il y a de plus conventionnel. Bien que les chansons reposent grandement sur les textes, on est bien loin du type boîte à chansons. Benjamin Proulx-Mathers, qui officie en tant que guitariste et arrangeur au sein du groupe, est bien placé pour le savoir: "Ça a commencé au cégep mais officiellement, c’était à Granby. Il y avait une affaire pour les groupes. C’était comme notre excuse pour monter des tounes. Premièrement, on se disait qu’on n’avait pas d’affaire là pantoute parce que ce qu’on faisait était bien trop fucké, mais finalement, on est allés en demi-finale. Y’avait quelqu’un dans le jury qui trouvait que ça groovait pas du tout, mais il y en a un autre qui est venu nous voir après pour nous dire de continuer, que c’était malade. Ça nous a permis de réaliser que c’était peut-être plus accessible qu’on le pensait."
C’est qu’en plus d’être réputé pour ses orchestrations très particulières, Caniche Hara-Kiri l’est pour l’enrobage visuel qui rend ses prestations hors du commun. Que ce soit les projections qui accompagnent les chansons ou les costumes surréalistes, rien n’est laissé au hasard. La chanteuse Anick Bouchard nous explique: "Le côté théâtral a tout le temps été là, mais maintenant, je fais une recherche de personnage vraiment plus approfondie. Avant, je changeais tout le temps de make-up à chaque show, sauf que ça amenait plein d’erreurs visuelles. Par exemple, avec les ombres et les lumières, j’avais l’air de pas avoir d’yeux. Là, j’ai vraiment fait une composition d’un personnage et ça va être ça pour un bout."
Toutefois, il suffit de quelques secondes pour que les deux musiciens remettent en question l’étiquette théâtrale. Anick poursuit donc: "Je joue pas de rôle en tant que tel. C’est quand même un personnage qui est vrai pour moi, qui vit en moi. Je suis pas là en train d’acter comme une malade. Je suis quand même statique comme personnage."
Mais avec un tel matériel sous la main, qu’en est-il de l’accueil que leur réserve le public? Les réponses des deux musiciens peuvent étonner. Tout d’abord, Benjamin nous partage sa façon très constructive de voir les choses : "Ici, à Montréal, c’est vraiment tout ou rien. Au moins, on peut être fiers que les gens ne soient pas indifférents." De son côté, Anick brise le mythe d’un public régional qui aurait tendance à se méfier des artistes jouant dans des registres plus marginaux: "Tu vois, les shows qu’on a faits au Saguenay, j’ai été vraiment surprise de voir à quel point ça avait été bien accueilli. Les gens venaient nous parler après et nous posaient des questions."
En effet, le groupe était de passage dans la région il y a quelques années, et les endroits où il a performé avaient souvent peu à voir avec les salles de spectacle traditionnelles. On peut entre autres mentionner un concert plus ou moins publicisé ayant eu lieu dans un restaurant! À ce sujet, Anick se rappelle d’une prestation où elle avait eu à préparer son extravagant maquillage de scène dans la maison du propriétaire de la salle et ce, au milieu d’une marmaille plutôt intriguée.
Caniche Hara-Kiri sera donc en tête d’affiche lors du Festival des musiques de création, et le fait de performer devant un public sensibilisé à leur type de matériel semble enthousiasmer les musiciens. À vrai dire, on est bien loin de l’ambiance souper-spectacle… Aussi, ils en profiteront pour présenter de nouveaux trucs. Benjamin nous en dit plus long: "On a deux nouvelles tounes dans notre show, mais il y en a d’autres nouvelles qui sont même pas montées encore parce que c’est un peu long. Ça se fait pas en criant un, deux, trois, quatre. Mais je pense qu’on est rendus avec une bonne dynamique de band. Il y a une bonne attitude de la part de tout le monde, donc à force de travailler, ça finit par rentrer."
Maintenant, les deux musiciens aspirent-ils à gagner leur vie avec leur musique et ce, au grand risque d’en payer de leur liberté créatrice? Benjamin y va d’une affirmation empreinte de sagesse: "C’est drôle parce que des fois, je me dis qu’un groupe comme La Chicane par exemple, ou n’importe quel band qui a l’air de vouloir faire de la musique pop, s’ils ont tout le temps grandi là-dedans et qu’ils se disent que c’est ça la musique, peut-être qu’eux sont libres créativement. Sauf que pour nous, ben… il est trop tard!"
Le 24 mai
Au Café-Théâtre Côté-Cour
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