Payz Play : Payz sur le piton
Musique

Payz Play : Payz sur le piton

Payz Play affiche ses couleurs sur un premier album qui pousse un peu plus loin les limites du hip-hop québécois.

Né des cendres du collectif Atach Tatuq – qui est lui-même né de la dissolution de Traumaturges -, Payz Play s’éloigne du hip-hop plus conventionnel pour mieux se lancer dans une formule moderne. Les bidouilleurs/D.J. Naes (Toast Dawg dans une autre vie) et Ephiks ont concocté une musique ludique, proche de ce que plusieurs (sauf les principaux concernés) nomment abstract hip-hop ou électro-rap, le tout appuyé par les propos loufoques, irrévérencieux ou tout simplement baveux des M.C. RU et Egypto. Musicalement, même s’il y a une différence notable entre Payz Play et Atach Tatuq, les amateurs du célébré collectif qui s’est sabordé en pleine gloire retrouveront toute l’ironie qui faisait la marque de certaines compositions de la formation hip-hop.

"Payz Play découle de Son2PT, un autre projet qu’on avait mis sur pied à l’époque d’Atach Tatuq. Et on peut même remonter plus loin puisque la première chanson qu’on a faite, RU et moi, date de 1999, à l’époque de Traumaturges. Donc, ça fait longtemps qu’on travaille plus ou moins tous ensemble", déclare Egypto, bien entouré des trois autres membres de la bande. "Payz Play n’est pas tellement différent d’Atach Tatuq, du moins pas tellement différent des morceaux que j’ai faits avec Egypto et Naes. Si tu prends la pièce Chambre à gaz feng shui (titre que l’on retrouve sur Deluxxx, dernier album d’Atach Tatuq), tu peux facilement tracer un parallèle avec Payz Play", tient à préciser RU.

Avec cette nouvelle approche musicale, similaire à celle préconisée, par exemple, par Omnikrom, qui est d’ailleurs en featuring dans la chanson McFly de l’album éponyme de Payz Play, le groupe risque-t-il d’être ostracisé par les puristes de la scène hip-hop? "La scène hip-hop? Quelle scène hip-hop? ironise Naes. Nous, on se prétend puristes et on écoute un tas de choses différentes de ce qu’apprécient d’autres qui se prétendent aussi puristes. Pour certains, le vrai hip-hop, ce sont des violons tristes et des paroles déprimantes; pour nous, c’est autre chose." "De toute façon, on s’en câlisse, résume éloquemment Egypto. On fait la musique qu’on aime, comme on a envie de la faire, et cette musique est en lien avec ce qu’on a écouté au cours des deux dernières années. Je pense qu’il y a une évolution au sein de la musique hip-hop locale et que cette émancipation va se poursuivre." "Les genres se mélangent de plus en plus, les barrières tombent, rajoute Naes. Prends, par exemple, le gros single (Stronger) du dernier album de Kanye West, c’est carrément du Daft Punk. Il y a 10 ans, cela aurait été inimaginable dans le hip-hop. Nous, on fait pareil, on cherche à évoluer, à avancer."

Donc, Payz Play, c’est quoi? Du hip-hop pur et dur? De l’électro-rap? De l’abstract hip-hop? "Payz Play est un album très rap, très hip-hop, insiste Egypto. Si on doit nous étiqueter, je dirais qu’on fait du nu true-school, soit du hip-hop new-school 2008. Pas de l’électro-rap, mais vraiment du hip-hop. Si tu écoutes bien l’album, tu retrouveras autant des influences de Jay-Z que du rap de Detroit ou des samples de musique électronique des années 60 qui pourraient te faire penser à Daft Punk. C’est vraiment éclectique comme album, mais reste que c’est rap, c’est très rap."

Payz Play
Payz Play
(Anubis/Outside)

À écouter si vous aimez /
Omnikrom, Radio Radio, Spank Rock