Holy Fuck : Bordel structuré
Musique

Holy Fuck : Bordel structuré

Toujours aussi explosif, Holy Fuck a toutefois appris à se structurer, passage obligé entre la scène et l’album.

Si Holy Fuck voulait passer le stade de la simple curiosité et ainsi fidéliser ses fans, la formation torontoise se devait d’offrir plus qu’un intense bordel sonore confectionné à partir de synthétiseurs, de claviers jouets, d’effets de toutes sortes et d’un intrigant synchronisateur de film 35 mm. Entourés d’un batteur et d’un bassiste, Graham Walsh et Brian Borcherdt ont beau nous en avoir mis plein la gueule avec leurs performances chaotiques et explosives, le groupe prouve qu’il peut être tout aussi efficace lorsqu’il s’efforce de structurer ses pièces instrumentales, comme en témoigne son deuxième album éponyme lancé en octobre dernier.

"Malgré cette nouvelle organisation de nos pièces, je crois que l’esprit du projet est toujours aussi éclaté, explique Graham. À l’époque, nous montions sur scène sans même savoir ce que nous jouerions. C’était 100 % improvisé. Aujourd’hui, les choses sont moins laissées au hasard, les chansons interprétées en concert sont décidées à l’avance. Notre côté plus planifié nous donne une nouvelle confiance. Nous ne vivons plus avec la crainte constante de tout faire foirer."

Aussi hypnotique, mais nettement plus acidulée, que Plaster, et ce, sans aucun ordinateur ou échantillonneur, la troupe avait déjà tenté d’immortaliser ses pièces sur un premier disque éponyme lancé en 2005, sans toutefois réussir à capter sa magie scénique. Visiblement, les nombreuses tournées avec Metric, Do Make Say Think, !!!, Clinic, Wolf Parade et Mouse on Mars ont eu un effet positif sur Holy Fuck. "Forcément, lorsque tu joues les mêmes chansons soir après soir, tu finis par y trouver une structure confortable. Ç’a d’ailleurs été un point tournant pour le groupe. Lors des séances d’enregistrement de notre premier album, nous étions arrivés en studio sans aucune préparation. Comme sur scène, nous improvisions pendant 20 minutes et choisissions les meilleurs passages. Aujourd’hui, nos pièces prennent une direction précise. Elles passent rapidement du point A au point B afin de maintenir l’intérêt."

Bien sûr, Holy Fuck n’a rien perdu de sa pertinence expérimentale, misant toujours sur un équilibre parfait entre les attaques soniques, les rythmes entraînants et les mélodies accrocheuses. "J’ai autant besoin de dissonance dans mes mélodies que de mélodies dans ma musique dissonante", rigole Graham à ce sujet.

C’est sans doute pourquoi M.I.A. a choisi le combo pour assurer la première partie de ses récents spectacles sur la Côte-Ouest américaine et lors de ses prochains arrêts à Montréal, Toronto, Philadelphie et New York. Avons-nous des chances de voir M.I.A. chanter sur les pièces de Holy Fuck comme le rappeur Bean l’a fait jadis? "Nous avons essayé des trucs ensemble lors de quelques tests de son, mais rien de concluant n’a encore émergé de ces pratiques. Il faut dire qu’elle est très occupée, ce n’est pas évident. Mais il nous reste encore une semaine, peut-être que nous aurons le temps d’accoucher d’une pièce conjointe avant notre concert à Montréal."

Le 3 juin
Au Métropolis avec M.I.A.
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