Madame Butterfly : Au coeur de la tragédie
Musique

Madame Butterfly : Au coeur de la tragédie

L’Opéra de Montréal propose, ces jours-ci, une très belle production de Madame Buttefly.

L’opéra de Puccini, Madame Butterfly (1904), n’a certes rien d’un opéra-bouffe, ni par son sujet ni dans son déroulement. Il s’agit d’un drame dont l’action s’inscrit dans la durée, le temps de l’attente, celle de Cio-Cio-San qui espère toujours le retour, trois ans plus tard, de l’officier Pinkerton, reparti aux États-Unis après l’avoir épousée… et engrossée.

C’est donc dire que le rythme est lent, particulièrement au deuxième acte, mais après l’intermède musical qui nous fait entrer dans le troisième, c’est un festival de pyrotechnie vocale et une descente dans le coeur de la tragédie. Lorsque l’officier revient enfin, c’est avec sa nouvelle épouse, américaine, et pour prendre l’enfant dont il vient d’apprendre l’existence (cet enfant, par ailleurs oublié dans le programme, est l’une des belles surprises de la production!).

La nouvelle annoncée à Suzuki (servante de Cio-Cio-Can) par Pinkerton et Sharpless (le consul) nous offre un trio magnifique, dans lequel les trois voix brillent de tous leurs feux. À ce chapitre, cependant, la soprano japonaise Hiromi Omura (Cio-Cio-San) dépasse tout le monde d’une bonne tête! Évidemment, le rôle est taillé pour produire des ovations, puisque la soprano chante pratiquement d’un bout à l’autre de l’oeuvre, mais c’est un couteau à deux tranchants et une chanteuse en mauvaise forme suffirait à faire sombrer la production. Rien de tel ici, puisque la soprano habite son personnage avec la grâce d’une grande actrice et elle lui offre une voix en or.

La scénographie de cette production d’Opera Australia offre à l’oeil une scène relativement dépouillée, mais pourtant dynamique, des murs aux paravents mobiles entourant un plateau central (la "maison") qui baigne dans des litres d’eau (on est près du port de Nagasaki). Renforcé par un éclairage efficace, l’effet est moderne tout en évoquant parfaitement le Japon traditionnel. Pour sa première interprétation de l’oeuvre, Yannick Nézet-Séguin peut certes être content de lui et des musiciens de l’Orchestre Métropolitain.

Il sera possible d’assister gratuitement à la dernière représentation de Madame Butterfly le samedi 7 juin, alors qu’elle sera retransmise en direct sur écran géant sur l’esplanade de la Place des Arts (avec visite guidée des coulisses à l’entracte!).

Jusqu’au 7 juin
À la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA
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