Jane Ehrhardt : Les sept vies de Jane
Jane Ehrhardt file telle une étoile à travers les pièces de son nouvel album, Songs from the Trajectory, où elle nous emmène dans ses lieux de passage, en quête d’une réponse.
Elle a 26 ans et un accent néo-brunswickois irrésistible. Elle est atterrie au Québec en plein été il y a huit ans alors qu’elle se dirigeait vers Montréal et n’est jamais repartie. Véritable spoutnik, elle poursuit depuis une trajectoire que nul, pas même elle, n’aurait pu prédire. "J’ai quitté Moncton deux semaines après avoir fini mon secondaire et il n’était pas question que je reste dans les Maritimes, je voulais voir autre chose… Je suis donc partie avec ma meilleure amie sans avoir trop d’idées en tête…" raconte Jane Ehrhardt.
Cette idée de trajectoire est au centre de son deuxième album, Songs from the Trajectory. "La trajectoire, c’est comme un espace entre deux points, un moment dans le temps, une photographie de voyage…" explique-t-elle. Un parcours loin d’être linéaire, superposition de plusieurs lieux de passage où l’auteure-compositrice-interprète se met en scène, à la recherche d’un sens, dans un album en decrescendo où la quête urgente du début – avec Song to Save Me – trouve sa réponse dans la quiétude avec Tiny Little Sounds, la dernière pièce de l’album.
Alors que dans son premier album, The Air of my Heart (petit clin d’oeil à la prononciation de son nom), elle assumait avec un côté franchement folk son choix de faire de la musique en laissant derrière elle son passé de bachelière en psychologie, ce dernier opus se distingue du premier en abordant cette fois les difficultés liées à ce choix de carrière: "C’est très obsédant comme travail, c’est la raison pour laquelle tu te lèves et c’est ce qui t’empêche de dormir le soir! Et il y a la drive de créer qu’on ne contrôle pas trop et qui nous pousse, mais en même temps, ça peut rendre malheureux, c’est comme une ligne, une mince ligne."
L’artiste n’hésite pas à mettre en scène ce processus de création dans ses chansons, où le thème de l’écriture revient à maintes reprises. "La création, pour moi, c’est toujours une recherche. Quand j’ai travaillé en psycho, je faisais de la recherche sur le bonheur, sur l’amour, mais avec les méthodes scientifiques… J’ai décidé que c’est une façon plus belle de le faire avec la musique et l’art plutôt qu’avec la science (rires)!" Un changement de carrière qui ne semble pas l’inquiéter outre mesure, alors qu’elle est retournée à la musique il y a à peine trois ans: "Je pense qu’on peut avoir plusieurs vies à l’intérieur d’une vie. Comme moi, il y avait ma vie à Moncton, celle que j’avais ici quand j’étais étudiante et celle que j’ai maintenant… Tout cela à l’intérieur d’une trajectoire."
LE BAND DE LA CRÉATION
Si son premier album avait le folk à l’âme, Songs from the Trajectory, qui paraît sous l’étiquette P572, revendique résolument un côté rock, surtout grâce au band qui s’est greffé entre-temps à Ehrhardt. "J’avais "booké" une tournée dans les Maritimes l’été dernier, et Sam Murdock et Antoine Caron [de Lesbo Vrouven] ont décidé qu’ils voulaient venir avec moi et on a monté un band. C’est là que pour moi ça a commencé cet album-là, quand on a monté les chansons de mon premier album en band plutôt qu’en solo – ça a vraiment donné une autre énergie à l’ensemble et ça m’a inspirée."
Elle a donc composé ses nouvelles chansons avec l’idée que son second album serait joué en formule band. "Je crois que cet album est vraiment un mariage entre le folk et le rock, même les musiciens qui jouent dessus sont de divers horizons: Sam pour le rock, Mary Beth de Bette & Wallet, qui fait les harmonies vocales, pour le côté folk, et Alexis Basque de LaTourelle Orkestra au violon fait plus dans la musique du monde…" raconte celle qui nous promet une ambiance de célébration pour son lancement à Québec.
Maintenant que son trip de band se réalise, la chanteuse a déjà d’autres idées en tête. "J’aurais le goût d’en apprendre un peu plus sur les machines, de faire quelque chose de plus électro… En ce moment, ma musique est très organique, mais je crois qu’on peut avoir plusieurs styles", affirme-t-elle. Qui sait combien de vies il lui reste à parcourir?
Au Cercle
Le 7 juin à 21h
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