Socalled : Le bonheur est dans les sons
Le Festival de la chanson de Tadoussac battra son plein du 12 au 15 juin. Parmi les invités de marque, Josh Dolgin, alias Socalled. Son alliage de genres (hip-hop, musiques traditionnelles juives, soul, folk…) est en train de faire école.
Dans la bande-annonce du documentaire de l’ONF sur Socalled (tout simplement intitulé The "Socalled" Movie), on le voit proclamer devant une foule qu’il faut tout faire pour être heureux maintenant, car nous sommes en train de vivre le "bon vieux temps" que nous évoquerons peut-être un jour. Ce jovial discours fait référence à sa chanson (These Are The) Good Old Days, qui fusionne le flow du rap, les voix d’une chorale d’enfants, le son klezmer d’une clarinette, des airs funky de trombone et tant d’autres choses. "Cette chanson est aussi un peu ironique car pour la plupart du monde sur cette planète, c’est le bordel", explique le chanteur à peine rentré au bercail d’une tournée européenne. Toutefois, la musique de Socalled n’a rien de bordélique. Il a su condenser cet éclectisme en des chansons pop d’un raffinement inégalé.
Josh Dolgin n’est donc pas un prédicateur qui revendique le bonheur à tout prix. "Dans la musique, on retrouve également la tristesse. L’humanité réside dans tous les sons du monde. Parfois, tu veux te sentir heureux par la musique, parfois tu veux te sentir triste, mais tu veux ressentir quelque chose. Pour moi, le plus important, c’est que la musique réunit les gens."
Justement, les collaborations furent nombreuses sur le parcours de Socalled. La plus marquante pour lui semble être celle avec le tromboniste Fred Wesley, qui fut le chef d’orchestre et le principal soliste pour James Brown. "J’ai rêvé de cette collaboration et là, c’est vrai. Maintenant, je travaille souvent avec lui. C’est fucking formidable!" Il y a aussi eu Mighty Sparrow, un roi du calypso des années 50-60, Irving Fields, un prolifique pianiste de 92 ans ("il joue encore six soirs par semaine à New York"), Theodore Bikel, un chanteur yiddish… La liste est longue, car c’est plus de 40 musiciens qui ont collaboré à son dernier album, Ghettoblaster.
Lorsqu’on lui demande à quelles collaborations il peut encore rêver, le Montréalais nomme les rappeurs du Wu-Tang Clan. "J’ai déjà travaillé avec Killah Priest, mais j’adore GZA, Ghost Face et le chef RZA." Il ne faut pas s’étonner de ce souhait, car le hip-hop est l’inspiration première de Socalled. "C’est la raison pour laquelle je suis devenu un musicien professionnel. Par la suite, il y a eu la découverte de la musique juive, celle des synagogues, la musique de l’Europe de l’Est, le klezmer… Je pratique un mélange de genres; je tente de faire quelque chose de nouveau… C’est expérimental."
Ce désir d’innovation musicale, Josh Dolgin tente de le communiquer lors d’ateliers qu’il donne un peu partout sur la planète. Que souhaite-t-il communiquer à ses élèves? "Qu’il faut apprendre l’histoire avant de la faire. Plus tu en sais sur les détails du passé, plus ta musique risque d’être puissante." Il mentionne également l’importance de considérer le public. "Peu importe le domaine, c’est très bien d’être un virtuose, mais je crois que ça prend des gens qui s’intéressent à ce que tu fais. Peut-être que j’ai tort, je ne sais pas. Peut-être qu’il ne faut créer que pour soi et que le public viendra… Je ne sais pas…" avoue-t-il.
Dans le cadre du Festival de la chanson de Tadoussac
Les 13 et 14 juin
Au Site Belle Gueule
À écouter si vous aimez /
Le hip-hop, les musiques traditionnelles juives, les mélanges de genres