Billy Bragg : La deuxième dimension
Billy Bragg s’amène en ville seul avec sa fidèle guitare électrique. Rencontre avec M. Justice et M. Amour.
Rares sont les textes où vous lirez le nom de Billy Bragg sans retrouver dans la même phrase les mots "politique", "protest song" et "justice sociale". Rejeton des Woody Guthrie et Bob Dylan, le chanteur folk britannique s’est armé d’une seule guitare – électrique – pour propager un message socialiste, anti-guerre et anti-impérialiste dès 1983. Encore aujourd’hui, il pilote un programme visant à fournir des six-cordes sèches aux prisonniers, milite contre les politiques d’extrême droite du British National Party et lançait en 2006 un livre controversé portant sur le patriotisme britannique au 21e siècle.
Or, Bragg est aussi amour, et c’est ce qu’il rappelle sur son nouvel effort, Mr. Love & Justice. "J’ai composé ce disque après avoir passé trois ans à travailler sur mon bouquin. J’avais alors besoin de me sortir de la politique. En fait, dès que j’ai fini mon manuscrit, je me suis mis à écrire des chansons d’amour. Comme si, après avoir été mis de côté, mon autre moi avait besoin de s’exprimer. Les gens ne voient que Monsieur Justice en moi, mais j’écris aussi des chansons d’amour, et sans elles, Billy Bragg n’existerait pas."
Billy Bragg amour, c’est cet homme qui évoque sans pudeur sa première rencontre avec sa femme dans The Fourteenth of February, parue sur William Bloke en 1996. C’est aussi ce père de deux enfants, dont un garçon de 14 ans à qui il apprend à jouer Blitzkrieg Bop des Ramones. "Ses amis et lui jouent de la musique à la maison, mais ils n’ont pas de batteur. Alors c’est moi qui joue de la batterie. J’utilise des cuillères de bois et des seaux de plastique que je tourne à l’envers. Autrement, je le laisse grandir et se forger sa propre vision des choses. Évidemment, il est en contact avec mes opinions, et je crois qu’il les partage. L’été dernier, il tournait un film sur la guerre avec ses amis. Il y avait des gamins armés de fusils en plastique partout dans la cour. En voyant le résultat, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un film anti-guerre. J’étais plutôt fier de lui."
Décidément, chassez M. Justice de la conversation et il revient au galop. Dans ce contexte, difficile de ne pas aborder la victoire de Barack Obama à l’investiture du Parti démocrate américain, un politicien avec qui Bragg partage plusieurs valeurs socialistes. "Est-ce que je crois en lui? Le terme est un peu fort, mais je trouve qu’il représente une bonne idée, pas seulement parce qu’il est noir, mais parce qu’il incarne une nouvelle génération de politiciens. C’est ce dont les Américains ont le plus besoin. La présence d’Obama suscitera un plus grand taux de participation lors des prochaines élections, et ça ne fera pas de tort à ce pays qui se prétend la plus grande démocratie du monde. Plusieurs personnes ont fait le parallèle entre les valeurs d’Obama et les textes de mes chansons. Je crois qu’on partage cet espoir d’un monde moins cynique où tous peuvent faire une différence."
Le 18 juin
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