Chloé Sainte-Marie et Jacques Lacoursière : Parlons-nous
Jacques Lacoursière et Chloé Sainte-Marie sont porte-parole de la Fête nationale 2008. Un rôle sur mesure pour ces amoureux du Québec, de son histoire comme de son présent.
JACQUES LACOURSIÈRE
Grâce à lui, des pans entiers de notre passé ont été tirés de l’ombre, dépoussiérés avec un doigté fou, puis racontés comme une bonne histoire au coin du feu. En entremêlant les hauts faits politiques, les batailles spectaculaires comme les anecdotes révélatrices, les discussions de coulisses, autrement dit en éclairant la grande histoire par le biais de la petite, Jacques Lacoursière a su comme aucun autre nous montrer d’où l’on vient.
En cette année où la Fête nationale prend, plus que jamais, une connotation historique, et alors que paraît le 5e tome de son Histoire populaire du Québec – série on ne peut mieux nommée, les tirages confondus des tomes précédents frôlant les 360 000 exemplaires vendus -, pas étonnant qu’on retrouve le bien-aimé historien porte-parole de l’événement.
"Quand on m’a approché pour jouer ce rôle, se souvient-il, j’ai dit oui, mais à une condition: je ne veux pas que ça porte exclusivement sur la ville de Québec; je veux que ce soit l’occasion de souligner l’anniversaire de quatre siècles de présence francophone en Amérique du Nord. En effet, depuis le 3 juillet 1608, il y a toujours eu, sans interruption, quelqu’un parlant français ici…"
Assez rapidement, Jacques Lacoursière a souhaité partager cet honneur et ce bonheur avec Chloé Sainte-Marie. Ensemble, ils allaient former un fort éloquent duo de porte-parole. "On veut fêter notre histoire à travers la langue, la poésie, la chanson… Je me suis dit qu’elle était sans doute celle qui incarnait le mieux tout ça, elle qui a chanté Miron et plusieurs autres poètes québécois. Sans compter que je la connais depuis 17 ou 18 ans, alors j’étais sûr que nous ferions une belle paire!"
Le caractère historique de la Saint-Jean 2008 se manifestera sous plusieurs formes. Un exemple parmi d’autres: le défilé du 23 juin à Québec, durant lequel seront célébrées différentes personnalités liées à l’histoire de la Nouvelle-France. "On en profitera, illustre Jacques Lacoursière, pour donner un coup de chapeau à Irma Levasseur, première femme à pratiquer la médecine ici, en 1903."
Qu’en est-il de l’aspect politique des réjouissances, plusieurs en profitant évidemment pour brandir bien haut le fleurdelisé? "Depuis les années 80, c’est devenu la Fête nationale des Québécoises et des Québécois… À partir de ce moment-là, il devenait clair que peu importe les opinions politiques, et peu importe l’origine ethnique plus ou moins lointaine des gens, c’est la fête de tout le monde", précise l’historien avec diplomatie, soucieux de mettre en lumière ce qui rassemble davantage que ce qui divise. (T. Malavoy-Racine)
CHLOÉ SAINTE-MARIE
Le souvenir de son ancêtre l’accompagne et meuble son esprit. Celui d’un traducteur qui suivait les jésuites dans leurs missions auprès de peuples autochtones au temps de la colonie. Celui d’un homme qui faisait le pont entre deux cultures diamétralement opposées. Sans le savoir, Chloé Sainte-Marie perpétue cette aventure. En toute liberté, elle endosse et porte au devant de la scène les poètes Gaston Miron, Patrice Desbiens, Joséphine Bacon et Roméo Saganash. Un exercice rassembleur qui détermine son identité.
Cette année, il revient à l’artiste de faire la lecture du fameux discours sur les plaines d’Abraham. "Pour moi, cette dimension historique, c’est le prétexte idéal pour ramener les évènements dans une perspective chronologique, indique-t-elle. Nous (les Québécois) sommes ici depuis 400 ans et les autochtones, eux, depuis 1000 ans. Ça, c’est important de le rappeler."
Chloé Sainte-Marie incarnera ainsi une dimension patriotique qui va bien au-delà du fait francophone. La langue française est quelque chose qu’elle défend et revendique, mais la culture des peuples autochtones l’accompagne jusqu’à prendre une place de choix à l’intérieur de ses prestations scéniques. Une dimension qui s’intègre à sa vie personnelle et qui semble être au coeur de ce qui l’anime.
En compagnie de ceux qu’elle appelle affectueusement ses conseillers de l’ombre, l’écriture de ce texte prend forme autour d’une idée porteuse: le dialogue. Comme sur son dernier disque, intitulé Parle-moi, l’artiste prendra la parole avec le même sentiment d’authenticité. "J’écris un texte qui convient à ma vie et à ce que je pense, explique-t-elle. Un texte qui correspond aussi à la vie de Gilles (Carle) et, par le fait même, à nous, les Québécois. Ce texte doit être collé à ma personnalité; c’est fondamental. Pour moi, cette fête nationale, c’est avant tout un rassemblement autour d’un feu. Un rassemblement, c’est là pour rapprocher les gens et les inciter à communiquer entre eux. En fait, c’est ça le thème de mon discours: le grand rassemblement."