Constellation : Prix de Constellation
Musique

Constellation : Prix de Constellation

Constellation présentera plusieurs de ses protégés lors du festival Suoni Per Il Popolo, une bonne occasion pour souligner l’importance de ce label montréalais.

Alors qu’on dit l’industrie du disque moribonde, l’étiquette montréalaise Constellation entame sa douzième année et ne semble pas sur le point de fermer boutique, bien au contraire.

Douze ans au service de la Musique, loin de la hype et des tendances, à faire les choses à leur manière, les deux principaux protagonistes de Constellation, Ian Ilavsky et Don Wilkie sont des esthètes, fiers et indépendants. Depuis ses débuts modestes en 1997, Constellation est rapidement devenu une référence pour les amateurs de musique sérieuse, autant dans le créneau post-rock, indie, qu’expérimental.

Avec ses pochettes soignées et le continuel désir de faire différent, cette étiquette a contribué à faire connaitre beaucoup de musiciens qui, sans l’aide de Constellation, seraient sans doute restés dans l’ombre, tout en mettant Montréal sur la carte des villes musicales incontournables. "Constellation est né du désir d’ouvrir un endroit où les groupes locaux pourraient jouer sans avoir à payer pour ça. Donc, on s’est retrouvés, Ian et moi, dans un loft du Vieux-Montréal avant que cet endroit de la ville ne devienne un véritable Disneyland (l’équipe est depuis longtemps relocalisée dans le Mile-End) et à peu près au même moment, l’Hotel2Tango s’est aussi mis à accueillir des groupes. Éventuellement, ces groupes ont voulu enregistrer et faire des disques. L’Hotel2Tango a démarré un studio et, nous, un label. Rapidement, le label a complètement accaparé tout notre temps, et nous nous sommes lancés à fond dans l’aventure sans jamais regarder en arrière depuis", résume Don Wilkie des locaux de Constellation alors que son collègue Ian est sur la route, en tournée avec son groupe Thee Silver Mt. Zion.

GODSPEED QUOI?

Qui dit Constellation dit inévitablement godspeed you! black emperor. Si le défunt collectif montréalais a largement contribué au succès de l’étiquette, il lui porte aussi ombrage. "C’est incontestable que godspeed a aidé à mettre le label et Montréal sous les projecteurs, acquiesce Don. C’est une bonne et une mauvaise chose, car on n’arrive pas vraiment à se défaire de l’équation godspeed = Constellation. Dans la tête des gens, ça ne fait qu’un. Prends, par exemple, Silver Mt. Zion. Voilà un groupe qui a sorti cinq albums et qui est encore décrit comme un projet parallèle de godspeed. C’est vraiment difficile de changer cette perception qu’ont les gens. C’est frustrant à la longue mais pourtant, si c’était à refaire, je ferais exactement la même chose. Oui, godspeed a aidé le label à se faire connaître et nous a fait gagner de l’argent, mais pas autant qu’on le pense, car les trois premiers albums de godspeed sont parus en cd sur Kranky alors que Constellation ne sortait que les vinyles. Seul le quatrième et dernier de godspeed a été lancé en cd et en vinyle sur Constellation. C’est donc important de briser le mythe qui veut que Constellation soit devenu riche grâce à godspeed. Y’a des gens qui ont fait pas mal d’argent avec godspeed, mais ce n’est pas nous", précise Don, sourire en coin.

UN TRAVAIL D’ORFEVRE

Depuis les débuts du label, le modus operandi quant au soin apporté à l’emballage et aux pochettes de disques n’a pas changé. "Nous aimons le disque comme objet. Pour nous, collectionneurs de disques, la pochette est très importante. Nous tenons à créer des objets qui sont beaux à voir, des oeuvres d’art. Ça fait partie du plaisir de posséder un disque. Ça, c’est quelque chose de très important pour Ian et moi, tout comme une politique de prix juste et équitable. Oui, ça coûte plus cher de faire des belles pochettes, mais pas tellement plus qu’un vulgaire jewel case quand tu sais comment t’y prendre, fait valoir Don. En ce qui concerne le choix des artistes susceptibles de faire partie de l’écurie, ça dépend de où on se situe, musicalement parlant, Ian et moi. Ça dépend aussi des aspirations du groupe ou de l’artiste. Si ce dernier cherche à devenir une rock star ou à faire plein de fric, on lui dira d’aller voir ailleurs même si on aime beaucoup sa musique, car ce n’est pas notre philosophie. Y’en a d’autres qui font ça très bien. Par contre, si nous sommes tous les deux complètement d’accord, alors on se lance dans le projet. Ce qui compte, c’est que les personnes désireuses de travailler avec nous soient motivées par leur art, par la façon dont leur musique sera mise en marché. Ceux qui pensent devenir riches et célèbres seront très frustrés chez Constellation".

MONTREAL GLOBAL

Au fil des ans, Constellation a commencé à s’intéresser davantage aux artistes venant de l’extérieur de Montréal. Si pendant longtemps la petite étiquette reflétait le "son de Montréal", il en est tout autrement aujourd’hui. "Il est vrai qu’au départ nous avions plusieurs artistes montréalais, car c’étaient des gens que nous avions l’occasion de voir souvent, en concert ou ailleurs, et qui devenaient pour la plupart des amis. Après un certain temps, des artistes de l’extérieur de Montréal ont commencé à nous solliciter. Si nous préférons travailler localement, on se doit d’admettre qu’il y ne manque pas de talents ailleurs au Canada ou à l’étranger", commente Don qui, depuis environ un an avec son partenaire Ian, s’est résolu à se lancer dans le téléchargement, à contrecoeur faut-il préciser. Car pour ces purs et durs, la musique ne se consomme tout simplement pas de cette façon. Mais les choses étant ce qu’elles sont, la paire n’avait plus trop le choix que de suivre la tendance. "Ça n’a pas été une décision facile pour Ian et moi, avoue Don. On a jonglé avec cette idée longtemps. Si ce n’était que de nous, nous ne vendrions pas de la musique par téléchargement. Mais il faut bien se rendre à l’évidence qu’en refusant de mettre des MP3 en ligne, nous prenons l’artiste en otage, et c’est injuste pour lui. Le monde change de façon dramatique, et le téléchargement devient une source de diffusion de plus en plus importante et rentable pour les artistes, donc on s’est pliés à cette réalité", soupire Don qui précise, par le fait même, ne pas avoir trop souffert de la crise qui affecte le marché du disque. "Nous avons la chance d’avoir une base de fans fidèles, disséminés à travers le monde. Ces gens pensent comme nous et continuent d’acheter nos disques. Si notre façon de packager nos disques a une certaine influence? Je ne saurais dire. Mais si c’est effectivement le cas, alors cela prouve que l’emballage, la pochette, a une importance pour l’amateur de musique".

Un labour of love comme ils disent.

Signe que Constellation est en bonne santé, d’ici quelques mois le label fera paraitre le prochain album des Dead Science, de Seattle, le nouveau Tindersticks (pour le Canada seulement), un groupe de Montréal "qui nous excite beaucoup, mais dont on ne peut dévoiler le nom encore…" ainsi qu’un dvd de Vic Chesnutt et son groupe capté l’année dernière lors d’une performance au Viennale (festival de films de Vienne) par le cinéaste new-yorkais Jem Cohen, un premier dvd dans l’histoire de Constellation.

En attendant, dans le cadre du festival Suoni Per Il Popolo, le label présentera plusieurs de ses artistes durant les prochains jours à la Sala Rossa.

Le 7 juin
Carla Bozulich’s Evangelista

Le 11 juin
Thee Silver Mt. Zion

Le 13 juin
Vic Chesnutt et Thee Silver Mt. Zion

Le 16 juin
Sandro Perri

À la Sala Rossa
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